Propaganda est un ouvrage capital, et cependant fort méconnu, alors même que chacun d’entre nous, citoyens, consommateurs, sommes les jouets quotidiens des procédés décrits par Bernays en 1928, enseignés depuis en école de commerce ou en sciences politiques.
Des procédés qui ont pour but de promouvoir des politiques, des actions sociétales, des produits commerciaux, décidés par des hommes restant dans l’ombre, grâce à l’utilisation des médias et l’instrumentalisation de célébrités afin d’obtenir le consentement des populations.
Bernays préconise l’utilisation de comités, groupes d’experts, constitués pour l’occasion, ayant l’apparence de la neutralité et servant de caution morale ou scientifique, au produit, commercial ou politique, que l’on veut faire accepter à la population.
Ce tout petit opus, 140 pages y compris la très utile préface, déroule les procédés qu’un Bernays cynique mais convaincu d’agir pour le « bien » met en œuvre pour obtenir une démocratie où l’opinion publique est enrégimentée et où les « masses populaires » votent selon les vœux de ceux qui savent.
Pour ceux qui crient au complotisme populiste et pour qui ce que j’ai décrit ci-dessus n’évoque rien, rappelons les conséquences attestées des politiques que Bernays a promu : le tabagisme chez les femmes, la disparition des tramways dans les villes américaines, les 100000 morts de la guerre civile au Guatemala après le renversement de Jacobo Arbenz, que notre propagandiste déguisa en dictateur stalinien.
Comment noter Propaganda ? Si la note tient à la valeur morale de l’ouvrage, fort mal. Mais si on veut que ce petit livre immonde soit lu, il faut donner une note qui ne soit pas dissuasive.
Car lire, c’est savoir, et aider à obtenir non pas une démocratie composée de moutons, mais de citoyens.