Après la guerre par Pierre Denis

Zambrano filme les répercutions sur un ancien terroriste et sa fille, et sur la famille de cet homme, de la décision française de livrer à la justice italienne d'anciens membres de groupes d'extrême gauche réfugiés en France. Elle choisit donc de faire des allers-retours entre France et Italie, entre cet homme et sa fille d'un côté, et la mère, la soeur et le beau-frère (qui est juge pour ne rien arranger)de l'autre.

Le principal grief que l'on peut faire au film est qu'il est très désaffecté, et renvoie, au final, une grande froideur. Sans verser dans le mélo, on aurait aimer ressentir ce qui unissait ce père et sa fille, ou voir cette vie de famille italienne et comment elle vole en éclat. Mais là, les émotions sont totalement mises de côté. La réalisatrice semble rester à distance, ne pas prendre ses personnages à bras le corps. Elle passe aussi un peu à côté de son personnnage d'adolescente qui doit abandonner sa vie. Cela se traduit par trop de scènes où sont filmés de petits moments de vie : on achète un jean, on sent les shampooings au supermarché, on est à la plage, on fait du vélo...

L'aspect politique et la question morale sont, eux aussi, laissés un peu de côté, même si, par le biais notamment d'un entretien avec une journaliste, on aborde l'absence de regrets, le fait d'assumer les actes du passé, etc.

Sur un sujet similaire, A Bout de Course de Lumet, sans être exempte de défauts, explorait bien mieux la mise à mal d'une famille, et la fureur de River Phoenix donnait bien plus corps à une adolescence brisée.