Après la tempête est une chronique familiale douce amère, dans le Japon d’aujourd’hui. La (grand) mère (délicieuse Kirin Kiki) est soulagée que son mari vienne de mourir, car il était un fardeau pour elle, préoccupé qu’il était à creuser sans cesse ses dettes en tentant de les rembourser. Maintenant, la vieille dame est obligée de vivre à l’étroit dans une HLM, alors qu’elle aurait bien aimé finir ses jours, à l’aise dans une maison.
Sa fille aînée, qui a une situation stable et qui comme elle a les pieds sur terre, peut l’aider un peu, mais sans excès, car elle doit s’occuper de sa propre famille.
Son souci, c’est son fils Ryota, un grand dadais immature, qui, alors qu’il était l’espoir de la famille 15 ans plus tôt en obtenant un prix littéraire prestigieux, n’a jamais su enchaîner un deuxième roman et vivote comme il peut en occupant, en attendant mieux et à mi-temps, le peu glorieux métier de détective privé, spécialisé dans les sombres et banales affaires d’adultère.
Le pire, c’est qu’il vire comme son père, empruntant à tout va, fouillant les placards et tiroirs de chez sa mère en quête d’un objet précieux à vendre, pour pouvoir payer la pension alimentaire de son ex-femme, ou un gant de base-ball à son fils.
Ce dernier film de Hirozaku Kore-eda est, comme les précédents, pudique, délicat et intelligent, abordant encore le thème de la filiation et des liens familiaux. Il s’intéresse plus particulièrement au personnage de Ryota, interprété par Hiroshi Abe.
Celui-ci n’est pas "aimable", au point qu'on met un certain temps à entrer en "sympathie" avec lui (au sens étymologique de "souffrir avec"). Il n’a en effet rien d’admirable : immature, voleur, menteur, magouilleur. Il se demande lui même "Que s’est-il passé pour que je devienne comme ça ?", sans pouvoir apporter de réponse, ni avoir de remède pour changer les choses. Lui, autrefois si prometteur, est devenu comme son père : un loser.
Il est, comme le dit sa mère, nostalgique d’un passé révolu et rêvant d’un avenir impossible. Il croit encore en un avenir meilleur et espère encore reconquérir son ex-femme, mais sait que ce ne sera pas aisé, car comme il le dit lui-même, "ce n'est pas facile de devenir l'adulte qu'on rêvait d'être".
Racontée comme cela, l’histoire ne fait peut être pas vraiment envie, d'autant qu'en plus, il y a quelques longueurs. Néanmoins, même s'il ne s’agit pas d’une épopée flamboyante, ni d’un drame poignant, cette histoire familiale est finement observée et traitée avec un regard bienveillant, non dénué d’humour, à hauteur d’homme.