Après une heure de film, c'était très mal parti. Je ne retrouvais plus mon Kore-eda. C'était bien trop lent, et surtout bien trop plat. Des dialogues interminables, des paysages urbain même pas entrecoupés de lyrisme. Je ne comprenais plus. A la fin du film, j'ai alors saisi que ce moments vécus étaient primordiaux pour mieux appréhender les personnages et leur background. Evidemment, je préfère un film qui ne passe pas la moitié du temps à m'ennuyer, car c'est un objet de divertissement avant tout, mais je pense que c'était vraiment nécessaire.
Après la Tempête est un titre que j'affectionne, déjà. Après la Tempête, car symboliquement, qu'est-ce que l'on retrouvera après l'orage ? Un ciel bleu ? Ces intempéries laisseront notre vie dans quel état ? Qu'est-ce qui sera à réparer, à améliorer, quelle sera l'évolution ? Après la Tempête, c'est aussi totalement paradoxal par rapport au film, qui ne se concentre quasiment que sur le avant/pendant. Car finalement, Après la tempête n'est que le signe d'un espoir, un billet de loterie qui s'envole sous la pluie. Après la tempête, c'est la promesse qu'un jour, tout ira mieux.
Kore-eda nous livre encore une histoire de famille absolument somptueuse et poétique, qui prend de l'ampleur au fil du récit, pour finir sur des scènes de dialogue mémorables, notamment entre le père et la grand-mère ou le père et son fils. Ce que j'aime chez ce type, et en particulier ici, c'est à quel point il faut toujours faire fi du passer et des erreurs pour avancer, toujours se remettre en question, toujours repenser le monde, les autres et nous-même. Kore-eda amène à ses récits intemporels un renouveau constant de son moi intérieur, qui nous pousse à nous interroger sur qui on est vraiment : le reflet de nos actes ou celui de nos convictions ? J'ai tendance à croire que la famille, qu'il idolâtre plus que quiconque, n'est qu'une façon détournée de toujours apporter du mouvement aux aspirations de ses personnages et à leurs ressentis quant au monde qui les entoure.
Le cadrage est parfois très serré, parfois totalement dénué de sens commun avec des visages coupés et des personnages principaux en arrière plan. Les formes géométriques s'empilent derrière le personnage principal, et dénotent son esprit matraqué par les doutes et les échecs. La grand-mère est extrêmement touchante, et belle, comme ces subtilités que Kore-eda enchaîne, le détective privé lui même menteur, l'image du grand-père qui plane au-dessus de la tête du père.
Sensible, bouleversant, humaniste.