Le cinéma s'invente et déjà
l'érotisme et la pornographie s'invitent.
Georges Méliès, assurément l'inventeur du cinéma spectacle, a tout fait, tout tourné. Après avoir trafiqué sa première caméra dérivée de l'isolatographe des Frères Isola, il a rapidement monté sa structure de production, la Star Film, et bâtit ses propres studio à Montreuil. Entre ses productions poétiques et fantastiques inspirées de ses années passionnées de prestidigitation, l'homme filmait toutes celles et ceux qui passait par là dans de
courtes saynètes de vie quotidienne.
En 1897, une amie - Jeanne d'Alcy, sa future femme - s'y prête au jeu de l'effeuillage. Le ton est léger, sans charme exagéré : madame profite de l'aide de sa bonne pour le bain et les couches de vêtements sont ôtées une à une
jusqu'au nu intégral.
Ou presque : le goût du trucage ressurgit là où l'on distingue l'imperceptible différence de matière qui sépare la peau du maillot couleur chair.
Avide de bobines, enfiévré par l'expérimentation, Georges Méliès filme le dérisoire comme le fantasque. La légèreté du plan fixe fait sourire tout le monde aujourd'hui, simplicité innocente. Et démontre que l'homme, de tout temps et à chaque innovation technologique, sait faire preuve
d'une infaillible lubricité.