L'homme à la peau froissée avale son café d'une bien étrange manière. Ses quenottes croquent un demi sucre puis il déverse le sombre liquide entre ses lèvres humides. Le sucre se ramollit, tout imprégné d'angoisse et se disloque, fondant amer au creux d'une gorge muette. Écrasés par une légion de rayons électriques, dont les pointes dardent les chairs, les corps ploient sous la chaleur puis se couvrent de sueur. Les peaux sont magnifiées, la caméra les frôle à la manière d'une aile discrète, bourrelets de graisse ou muscles saillants, tous s'approprient l'espace à leur manière.
La première demi-heure, captivante, module le temps au gré de ses caprices. L'ouverture, trop flagrante peut-être, ainsi que les redondances de certaines scènes clefs nous presse vers une fin qu'on devine trop tôt. Tout perd en intensité. L'économie des mots permet aux personnages de dire beaucoup par leurs gestes troublants, jusqu'à la dernière scène, quasi mystique, baignée de lumière .