Laideron comme une queue de pelle
Disons-le d'emblée, Joan Crawford, franchement, c'est pas propre !
Plus vieille elle fait peur, mais bon ça passe, elle en joue, c'est dans le film, pourquoi pas ? Mais en jeune première amoureuse supposée attirer les beaux mâles, franchement, c'est dur à avaler... En plus, elle porte des vêtements presqu'aussi moches qu'elle, en particulier une première robe dont une épaule se termine en triangle vertical de vingt centimètres de haut du plus mauvais effet...
L'histoire d'amour est doublement moisie, outre la mijaurée répugnante, nous avons le droit aux scènes de séduction les plus nulles qu'on puisse imaginer, avec un couple qui ne se dit rien puis se déclare d'un coup sans raison apparente, avec en plus la poule qui se fiance au milieu avec un autre dans une crise de logique féminine qui laisse pantois... Pour tout vous dire, dans ces moments là, on a juste envie que Gary l'assomme à coup de pelle et se tape la vieille bonne.
Mais bon, à un moment, c'est aussi un film de guerre, on oublie un peu la grognasse, c'est du Hawks, il y a de superbes scènes d'amitié franche et virile au mess du coin, des combats aériens et nautiques dantesques, et le héros est beau comme Gary Cooper en aviateur.
Dans le meilleur rôle masculin, c'est à dire celui du frère de la laide, le seul qui ne soit pas obligé de l'embrasser (même Gary a l'air dégoûté, c'est dire si elle devait être encore pire en vrai...) je dois vous avouer ma tendresse honteuse pour Franchot Tone. Derrière ce faciès de poisson mort, ces yeux globuleux, ces lèvres inexistantes et ce front désatreux, se cache une gentille moulasse comme je les aime. Ici, il joue un peu l'homme d'action, mais ça ne trompe personne, on devine sa nonchalance, son humour aussi, et c'est fou comme j'arrive de plus en plus à le trouver sympathique...
Sinon, l'histoire couille à tout va sur la fin, même si ça passe d'extrême justesse. On notera aussi des situations particulièrement impossibles à voir au cinéma après l'application du code Hays qui nous confirme bien que nous sommes en 33, année maladroite mais charmante s'il en est...