Fort du succès de "Charade", Stanley Donen remet le couvert trois ans plus tard avec ce film qui rend à nouveau hommage au style d'Alfred Hitchcock. Il applique une fois de plus les figures du maitre à son film (le McGuffin ou le remake de la poursuite dans un champ de "La mort aux trousses"). Mais reprend aussi les codes de la franchise des James Bond, qui fait alors un carton dans les salles; raffinement anglais, flegme britanique, femme sexy, etc... jusqu'à son affiche et son générique pop signé Maurice Binder.
Stanley Donen aurait voulut reformer le duo de "Charade" pour ce film, mais Cary Grant, ayant déjà eu des remarques sur son age avancé lors du film précédent refusa le rôle. C'est donc Gregory Peck et Sophia Loren, qui joue de son charme érotique du sommet de sa beauté, qui formeront le duo de ce film.
Objectivement, le scénario de ce film n'est pas très bon et semble adapté d'un mauvais roman policier de gare; et le réalisateur en était parfaitement conscient. Pour parer cette faiblesse, Donen décida d'en faire une parodie se jouant ouvertement du ridicule de certaines situations. Mais Donen profita aussi de ce film pour en faire un véritable laboratoire d'expérimentations visuelles. On est en pleine vogue du Swinging London et du psychédélisme au moment du tournage. Tout est alors bon pour casser le classicisme de la mise en scène hollywoodienne (cadrages hyper élaborés, jeu de lumières, de trames ou de miroirs, démultiplication, déformations et autres effets optiques). Là est tout l'attrait de ce film, qui est finalement une super production rendant un des premier hommage à la culture underground des série B, pulp et autres comics. N'oublions pas de mentionner les costumes novateur signé par la maison Christian Dior (non crédité au générique) et la superbe partition musicale d'Henri Mancini. 50 ans après... et ben c'est toujours avant gardiste !