Je vais tenter de sauver la thèse qui démontre que le film Archive est un bon film

Plantons brièvement le décor du film, le scientifique George Almore travaille sur une intelligence artificielle de type VI "l'auto conscience", véritable équivalence à l’intelligence humaine, son dernier prototype est presque prêt. La finalité pour la société Archive est de proposer à ses clients, une sorte de prolongement de la vie après la mort. Il est facile de comprendre que c'est également la phase la plus risquée, l'instant ultime entre vie biologique et vie numérique. En dehors du fait que le film comporte des décors paradisiaques, voire fantasmagoriques, des acteurs au top et que le tout baigne dans une musique complaisante, néanmoins ce n'est pas toujours suffisant pour parler de bons films. Pour les inconditionnels d'histoires à l'eau de rose, Archive n'est pas une histoire d'amour entre Roméo le scientifique et sa femme Juliette, en tout cas ce n'est pas primaire dans le film.
A présent, je vais tenter de sauver la thèse qui démontre que le film Archive est un bon film, voir un très bon film cinq étoiles comme je les aime. En effet, il existe beaucoup de mauvaises critiques pauvres en argumentations. De plus, il est vrai qu'il est fastidieux de comprendre le sens ultime de ce film que l'on peut classer dans la hard science-fiction. La catégorie hard science-fiction qui veut dire "le genre de science-fiction dans lequel les technologies, les sociétés et leurs évolutions, telles qu'elles sont décrites dans le roman, peuvent être considérées comme vraisemblables au regard de l'état des connaissances scientifiques au moment où l'auteur écrit son oeuvre" (wkp).
Pour se faire, je n'ai pas l'intention de vous faire un résumé de l'histoire, ce qui reviendrait à spolier le film pour ceux qui ne l'on pas encore visionné, la démarche consiste à vous donnez l'envie de le voir ou le revoir. On peut noter en passant qu'il y a toujours intérêt à  regarder certains films plusieurs fois, notre cerveau n'a pas forcément la capacité incroyable d'avaler des images sublimes et complexes à décrypter, de comprendre le déroulement du fil conducteur, les détails qui ont leurs importances et de reconstruire l'histoire cohérente. De plus, on remarque souvent que les auteurs de hard science-fiction sont un tantinet malicieux avec de nombreux flash-back, des énigmes, voir des allégories et aussi surtout de la science théorique que l'on ne maîtrise pas forcément. C'est un peu ce qui se passe dans le film Archive, alors de quoi s'agit-il ? Avant de vous répondre, ne perdez pas votre temps si vous êtes allergiques à la science ou si vous n'avez pas apprécié le film Matrix.
A présent, c'est parti pour les passionnés que je n'ai pas perdus en route.  La Matrice du cyberpunk est de retour, cette fois-ci c'est du sérieux ! La seule hypothèse scientifique pour expliquer que le monde existe; c'est de partir du postulat que la réalité n'existe pas. Bon, je sais, vu comme ça, la pilule rouge est un peu dure à avaler, mais sur le plan scientifique ça tient la route et en plus, ça colle parfaitement avec la physique quantique, vous verrez avec le temps on s’habitue. Donc ce film pose clairement la méga question de la conscience, oui, mais c'est quoi la conscience?  Si par exemple, vous collez une pastille rose sur la tête de votre chat et que vous le mettez face à lui même grâce à un miroir; si votre chat ne réagit pas en rapport à cette nouvelle peinture de guerre lol, alors on conjecturera que le chat n'a pas conscience de son corps, il n'intègre pas la tache comme faisant partie de son corps. On ne va pas juger ici de l'éloquence de l'expérience qui est probablement discutable, néanmoins, à présent on est dans le vif du sujet. Poussons le bouchon un peu plus loin en réalisant l'expérience de pensée suivante, si l'on met votre cerveau dans une boîte giga bardée de connecteurs genre  électrodes implantées dans votre cerveau, afin d’enregistrer ou transmettre des signaux électriques émis par vos neurones. Ensuite si un mainframe (macro-ordinateur) vous envoie des informations capturées par des caméras et mises en forme afin de recréer un environnement cohérent à 360 degrés et le tout connecté à la partie précise du cerveau correspondante, soit la vue, le but ici étant de provoquer des excitations de type stimulus exploitables par votre encéphale. Il est évident, pour que l'expérience fonctionne exhaustivement, on réalise en parallèle la même chose sur les neuf sens: le toucher, l’ouïe, l’odorat, la vue, goût, thermoception, la nociception, la proprioception et l’équilibrioception (neuf sens c’est juste pour le fun lol). A ce stade de l'expérience, vous n'avez pratiquement aucun moyen de savoir si vous êtes dans la réalité ou si vous rêvez, bienvenue à toi dans la matrice. Retenez ces mots "Pas le moyen de savoir", en fait, c'est là que le film fait très fort où l'auteur  vous balade dans un monde pendant presque deux heures, réalité ou matrice ? En fait à la fin du film, on prend conscience que l'on est à côté de la plaque et de rendre parfaitement cohérente la thèse, "on n’avait pas le moyen de savoir", matrice ou réalité, un CQFD sans failles.
Le film peut sembler lent avec des petites imperfections ... ces incohérences sont des guides précieux pour la crédibilité du film et pour le spectateur immergé complètement dans le film pour ne pas se perdre à jamais dans la matrice. Pourquoi cinq étoiles ? C'est à environ 1h40 du film que j'ai pensé rajouter une étoile, cela correspond à un instant de retournement de ladite situation, le moment où vous comprenez que vous n'avez rien compris, mais que vous allez tout comprendre, c'est en ça que l'auteur du film fait très fort. Ce film colle parfaitement avec l'air du temps, je veux dire avec la question de la conscience, la conscience nous est-elle intrinsèque, une illusion ou de l'espace. Certains scientifiques soutiennent de plus en plus cette thèse qui dit que la réalité matérielle n'existe pas. Elle s'intègre dans la physique moderne et théorique construite à l'aide des théories quantiques qui n'est pas contradictoire avec cette approche. #gcopin

gerardcopin
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le 19 févr. 2021

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