Mads Mikkelsen pourrait presque suffire encore une fois à cette intrigue. Le peu de dialogue offre à l'acteur de mettre à profit ses expressions subtiles propres à faire ressentir toutes ses émotions, force est de constater son excellence. Exit les flashback accessoires, pour se concentrer sur un milieu hostile et de dangerosité constante des grands espaces vides balayés par le vent, la solitude, l'attente, le doute et la peur de l'oubli. Un cheminement ponctué par les tâches quotidiennes quasi inutiles, entre le besoin de signifier sa présence à l'invisible, sa quête de nourriture, s'attelant à des actions minutées, jusqu'à l'arrivée de secours qui devront être à leur tour...secourus..
Arrive alors le choix difficile entre rester au camp et sa relative sécurité, ou partir à l'inconnu.
Elément déclencheur et motivant, la secouriste blessée pousse au départ. Commence alors le long voyage qui semble voué à l'échec, traîner le corps moribond à la force des bras, charger décharger, subir les températures et les nuits froides, et la rencontre avec l'ours et les erreurs de parcours, nous rappelle à notre faiblesse et à la toute puissance de la nature. On se laisse gagner par cette ambiance du vide voire d'ennui et même si l'acteur prend de la place au détriment de vues plus globales de l'environnement, ne permettant pas toujours de rendre l'inquiétude, d'une musique trop présente, d'un accident vite réglé, rappelant à l'homme sa mission lorsqu'il est tenté de baisser les bras face à l'ampleur de sa tâche, Penna fait preuve d'une belle rigueur pour suivre ce périple acharné, évite le sentimentalisme et clichés attendus. Le peu de rebondissements confère au métrage un réalisme bienvenu optant pour le lien nécessaire à l'individu et le rapport à l'autre comme gageure à se surpasser et comme seule solution à la survie. Dommage qu'il n 'y ait pas plus d'enjeu sans oublier le bémol par un débit de paroles final qui vient exacerber une situation que l'on a pourtant, pas de mal à vérifier.