"Are You Lonesome Tonight?" (traduction proposée pour le marché occidental sur la base d'une chanson de Elvis Presley qui revient de temps en temps dans le film alors que le titre original signifie Tropical Memories) n'a vraiment pas grand-chose d'original à dire, et on peut être sûr que c'est le contexte de production qui donne au film son semblant d'intérêt. Il appartient à la catégorie des thrillers chinois très contemporains, vecteurs d'une ambiance particulière qui se définit par sa photographie très soignée, ses jeux de lumière et de couleur soignés, son attrait pour les fresques nocturnes. Récemment, on mettrait dans cette case "Une pluie sans fin" de Dong Yue et "Le Lac aux oies sauvages" de Diao Yi'nan, par exemple.
L'intrigue est basée sur trois pauvres petits bouts de scénario : un homme renverse quelqu'un sur la route lors d'un moment d'inattention, et pense avoir provoquée sa mort, ce qui déclenche un mouvement de panique et le pousse à cacher le corps dans le fossé. Il se rapproche par la suite de la veuve et développe une relation pour le moins étrange avec elle, en l'observant de loin, en réparant sa clim, etc. En parallèle, un policier est en charge de l'enquête. Tout cela est raconté à la faveur d'un flashback, puisque l'homme en question médite sur son existence depuis sa cellule, en prison.
C'est sans doute un film sur la culpabilité qui ronge le protagoniste, dont la timidité fuyante est bien rendue par l'interprétation de Eddie Peng. Son silence vis-à-vis de la veuve quant à sa responsabilité (supposée, puisqu'on apprendra que le sort du pauvre mari était en réalité scellé avant l'accident) est quand même très poussif, disons en tous cas que ses actes semblent forcés ses intentions peu claires sans que cela ne suscite quelque chose d'attrayant. Les 30 dernières minutes sont en outre vraiment mal foutues, dès lors que le personnage du tueur (intéressé par l'argent caché dans un casier que feu le mari devait récupérer) entre en jeu pour impulser péniblement un rythme. Mais c'est du côté de la technique que le film tire son épingle du jeu, avec les lumières dans la nuit, les sons environnants, qui est plus fournie que le mystère artificiellement imposé.