Deuxième - et dernier à ce jour - long métrage de Oren Peli Area 51 montre mieux que jamais les limites d'un sous-genre horrifique aux procédés formels et techniques notoirement éculés : le found-footage. Reprenant toute l'indigente grammaire du classique du genre (l'illusoire et maigrichon The Blair Witch Project sorti en salles à la toute fin des années 90...) Oren Peli surfe derechef sur la recette ayant fait la gloire de son premier film (le non moins illusoire et maigrichon Paranormal Activity, arnaque pure et simple suivie de nombreuses suites plus ou moins dispensables...) proposant de fait un film-reportage tenant lieu de suspense mollasson dans les arcanes de la désormais célèbre Zone 51, zone géographique étasunienne perdue quelque part dans le désert du Nevada.
Oren Peli reprend tout, absolument tout ce qui fit la gloire dudit sous-genre au début des années 2000 : des jeunes adultes en guise de héros moyens, partisans des fêtes alcoolisées et des jolies nénettes ; une mise en scène donnant le sentiment d'assister en direct aux évènements re-présentés par le réalisateur ; une caméra à l'épaule censée nous plonger de plain-pied dans l'action ; un sujet à la mythologie fascinante, ouvrant vers de beaux imaginaires et porteur de belles promesses horrifiques (ici les mystères ufologiques de ladite Zone 51...). Hélas l'auteur de Paranormal Activity met une éternité à planter le décor de son found-footage, ne réservant que les quarante dernières minutes de son long métrage au vif de son sujet.
Ainsi la première heure de Area 51 n'est qu'une longue et interminable exposition des relations interpersonnelles animant platement le trio de personnages masculins, aux discussions d'une extrême pauvreté, pas même développées pour servir intelligemment leur quête monomaniaque du sujet sus-cité. Sans épaisseur aucune les figures de Reid, Darrin et de Ben sont simplement réduites à leur fonction utilitaire, incapables de nourrir et/ou de densifier un scénario raplapla et entièrement décharné ; l'ajout d'un quatrième personnage (féminin cette fois-ci) au mitan du récit n'arrange rien à l'affaire, tant l'indigence arrive alors à un degré de rareté proche de l'exception.
Néanmoins la dernière demi-heure (jouant sur les codes eux-aussi éculés du survival post-moderne : jeux de pénombre plutôt efficaces, danger invisible constamment situé hors-champ, absence de musique extra-diégétique, et cetera...) tire légèrement vers le haut cette débâcle narrative condamnée à peau de chagrin, demi-heure contenant les seules et rares bonnes idées d'un film aussi flingué que désespérément oubliable. Ni plus ni moins le même genre d'escroquerie que la franchise des Paranormal Activity Area 51 fut du reste un gigantesque échec critique lors de sa diffusion en 2015. Nettement dispensable, forcément.