Arena
4.8
Arena

film de Peter Manoogian (1989)

Après la coupe du monde au Qatar, les JO à Paris, et les sports d’hiver en Arabie Saoudite, plus rien ne semble freiner la folie de nos dirigeants prêts à tout pour organiser des événements majeurs dans les lieux les plus insolites. Charles Band leur a emboîté le pas dans les années 80 pour créer son propre tournoi intergalactique à des années lumières de la Terre, où s’affrontent des combattants de toutes races (ne me faites pas dire, ce que je n’ai pas dit, on parle bien d’extra-terrestre) et de toutes horizons pour divertir l’univers. L’entreprise a le mérite d’être peu banale et transpire de sincérité. L’homme n’y est pas en odeur de sainteté, car de bien plus frêle constitution en comparaison des monstres s’affrontant dans l’arène. Pourtant, un espoir demeure et si les américains ont un jour rêvés d’aller sur la Lune et de remporter le tour de France, Lance et Neil Armstrong eux ils sont arrivés. Steve Armstrong porte donc avec lui l’héritage d’un nom assez lourd à porter. Il est ce que Franck Dux fût au Kumite de Hong-Kong, l’étranger sans lien ni attache sur lequel personne n’aurait jamais pensé parier. Un grand gaillard parti de rien, qui au lendemain d’une bagarre dans un bar va se retrouver catapulté nouvelle star de ce sport de combat. Evidemment un promoteur sournois va tenter de le soudoyer pour l’exploiter, et cherchera inévitablement à piper la partie. Mais à coeur vaillant rien d’impossible.


Peter Moonagian reprend la trame de l’underdog commune à toutes les sagas sportives pour l’emmener vers un nouveau territoire fertile à l’imaginaire du public et ce en dépit d’une intrigue aussi rebattu que les finales perdues d’Harry Kane. Nous aurons donc droit à l’éternel ascension vers la gloire en montage accéléré, l’assortiment de bons et de méchants, les joutes et empoignades musclés, les tentatives de triches et de corruption, la femme fatale qui inocule le poison, ainsi que l’injustice notoire qui se réglera au terme d’un match âprement disputé sur le ring. Arena souffre néanmoins de moyens limités au regard de ses ambitions à une époque où Charles Band mettait alors pratiquement tous ses œufs dans le même panier avec la production de son « blockbuster » Robot Jox qui occasionnera la faillite du studio Empire. L’intégralité du budget semble d’ailleurs être parti dans les costumes, décors et accessoires de cet univers bariolés, saturés de couleurs, sommet de ringardise kitsch à tel point que l’on se croirait parfois dans la cantina de Mos Eisley ou dans Le Cinquième élément de Luc Besson. En réalité, l’intérêt repose sur ce mariage improbable à la croisée des genres grâce à l’incroyable talent de Screaming Mad Georges aux effets spéciaux et de John Carl Buechler aux maquillages, qui a créé pour l’occasion toute une ménagerie d’aliens biscornus, difformes et poilus. Certes, le concept est casse-gueule, et son exécution assez académique en fera un punching-ball de choix pour les pigistes pisses-froids. Mais c’est justement dans l’adversité que le film finit par tirer son épingle du jeu notamment lors de ses combats aussi absurde que débridé grâce à une mise en scène percutante et lisible au plein coeur de la mêlée où un jeune freluquet se met à dérouiller des mutants, cerbères, et créatures de latex pachydermique devant une foule en délire. L’ivresse suscité par ce défouloir régressif est alors totale, et son supplément d’âme suffit à lui faire emporter l’adhésion du spectateur acquis à la cause de ce parfait sosie de Christopher Reeves.


Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendue de la Full Moon Features, L'Ecran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !


Le-Roy-du-Bis
7
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le 5 sept. 2024

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Le Roy du Bis

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