Quatorzième film de Billy Wilder et le second des trois sortis durant l’année 1957, avec L*’odyssée de Charles Lindbergh* et Témoin à Charge, Ariane, adaptation du roman Ariane, jeune fille russe de Claude Anet, nous fait suivre une fille d’un détective privé qui est fasciné par un riche séducteur.
Wilder propose une charmante et délicieuse comédie romantique avec une histoire sympathique, bien écrite et inventive, avec des rebondissements parfois inattendus. C’est d’ailleurs sa première collaboration avec I. A. L. Diamond au scénario, avec qui il fera douze films au total, dont La Garçonnière et Certains l’aiment chaud. En plus du déroulement, les dialogues aussi sont très bien écrits, trouvant toujours les bonnes phrases et les mots justes.
Il y ajoute quelques touches de romantismes, d’humour ou encore d’émotion non négligeables, avec plusieurs scènes marquantes à l’image du rendez-vous du premier client, la première rencontre entre Ariane et Frank ou encore les tourments de Frank lorsqu'une femme a autant d'aventures que lui. Les personnages sont intéressants et attachants, que ce soit le père qui ouvre magnifiquement le film (« A Paris, les gens s’aiment […] ils s’aiment à tout heure, en tout lieu, sur la rive gauche, sur la rive droite et entre les deux rives […], l’amour extra-conjugale, c’est là que j’interviens »), le détective privée souvent plus axé sur son boulot que sur le reste mais sans jamais oublier son devoir paternel et surtout Ariane...
La jeune et innocente Ariane, éperdument amoureuse d'un homme qui pourrait être son père (ce qui choqua les américains à sa sortie), prête à tout pour se faire remarquer de lui. Lui c'est un playboy parcourant le monde et les aventures par la même occasion, régulier du Ritz à Paris, ne croyant pas à l'amour et souvent suivi par un orchestre.
D'ailleurs Wilder joue une fois de plus admirablement avec la censure (ce qui ne plait guère, d'ailleurs les voix-off qui permettent le happy-end final n'apparaissent pas au montage final de Wilder, ni même dans les premières exploitations européenne, mais ont été rajouté pour les USA). Il n'oublie pas non plus les personnages secondaires tels que ce mari prêt à tuer Frank ou ce camarade de Ariane. De plus, il ne fait aucun faux pas et commet aucune fausse note, il maîtrise tout de bout en bout que ce soit dans sa mise en scène très élégante, le dosage, le rythme ou encore les plans, parfois mémorables.
Côté interprétation c’est ici aussi impeccable, que ce soit la pétillante et charmante Audrey Hepburn qui signe une très bonne composition pour sa deuxième collaboration avec Wilder après Sabrina mais aussi Gary Cooper (qui reprend un rôle refusé par Cary Grant) qui est toujours charismatique, tout comme Maurice Chevalier.
Une fois de plus, Billy Wilder nous gratifie d’une excellente comédie avec Ariane, à la fois charmante, marrante, attachante ou encore romantique, très bien écrite et mise en scène, et portée par d'excellents comédiens.