L'amour ne tient qu'à un fil
C'est avec une timidité toute adolescente que je poursuis mes "rendez-vous" avec l'ingénue Audrey. Je m'émerveille chaque fois davantage de la "thin girl" comme aime la surnommer Franck Flannagan. Autant vous le dire tout de suite, je n'ai aucune chance de réussir face à l'immense (au propre comme au figuré) Franck.
Essayons d'oublier Audrey quelques instants et pensons au film... hum pas facile...
Paris, Paris ville fantasmée. Tout comme le sympathique et insignifiant Minuit à Paris, la ville lumière enfile ses plus beaux atours et gomme ses menus défauts sous le strass. Maurice Chevalier l'affirme en guise de préliminaires (...) :
"This is the city - Paris, France. It is just like any other big city - London, New York, Tokyo - except for two little things. In Paris, people eat better. And in Paris, people make love - well, perhaps not better, but certainly more often."
Et peu importe la cadre officiel, l'amour est consommé à toutes les sauces.
Autant dire que les affaires sont bonnes pour Maurice, monsieur le détective privé Claude Chavasse, avec pour spécialité les mœurs libres des fortunés et célèbres. Son appareil photo capture les délits charnels mais son regard est tout entier consacré à sa fille Ariane violoncelliste au conservatoire de Paris.
Embarrassée du trop manchot François mais encore candide, Ariane dévore les dossiers de son père, gonflés d'actions d'éclats et de séducteurs mondains. Parmi les barracudas, le grand blanc se nomme Franck Flannagan. Bien entendu la jeune androgyne va craquer pour le playboy, pas loin de toucher sa pension mais encore adroit, meilleur client de ses dames, et par conséquent de Chavasse.
Ariane appartient à un cinéma passé qui brillait, ou se reposait, sur le charisme de ses figures et la finesse de ses dialogues, réinventant à chaque fois des thèmes universels, comme l'amour. Ah l'amour ! Mais trêve de Franciscabrelite. Le cœur du film est bel et bien la joute entre Ariane et Franck, paons fiers qui comparent leur plumage gonflé pour mieux attiser le désir de l'autre. Entre le bagou bien rôdé du vieux à coups de violons (gag récurrent) et la bluff bien plus gros que la demoiselle, le rire et le plaisir sont bien là.
La galerie secondaire apporte elle aussi son lot d'éclats de rire, tels ce mari trompé et perdu ou ce policier au téléphone qui décrit l'impuissance de sa profession face au "fléau" de l'amour infidèle. Le rythme ne faiblit pas jusqu'à d'inéluctable fin heureuse et conforme aux bonnes mœurs (bien la seule fois où c'est le cas dans le film).
Love in the afternoon de son vrai titre se savoure sous la couette en agréable compagnie de 5 à 7.