La premiere demi - heure, et quelques moments courts dans la suite du film, sont quasi documentaires et superbes : la présentation du Tucson, Arizona des premiers temps, hameau bâti à chaux et a sable comme un village mexicain antique, et l’arrivée de pionniers dépenaillés, avec leurs wagons brinquebalants, leurs animaux, leur misère, leurs vêtures élimées et leur saleté. Elle tranche avec l’imagerie des petites villes flambant neuf des westerns des années 50.
La trame dramatique est mignonne : Phoebe Titus, une faiseuse de tartes, jouée par Jean Harlow (alors âgée de 38 ans) qui manie bien le fusil, veut devenir la plus riche ranchere du pays. Elle est jalousée par des malfrats et est courtisée par un jeune pionnier de passage, Muncie, joué par William Holden (alors âgé de 22 ans). Ils finiront par déjouer ensemble les plans des malveillants.
Le gunfight final est original : on ne le voit pas, on entend seulement des coups de feu. C’est qu’on suit sa progression à travers le visage et le regard angoissés de Phoebe, sa détresse camouflée en préoccupation triviale jusqu’au retour sain et sauf de son "just married" Muncie, vainqueur, quoique blessé à la main.
William Holden est si jeune, dans une glorieuse beauté juvénile, qu’avec un visage si dépourvu de rides on peine à le reconnaitre de face (ce que confirment bien les dessins des affiches de l’époque où il est tout autant méconnaissable), mais son profil est bien de lui. Deux ans plus tard il joue avec Glenn Ford dans Texas de Georges Marshall et là son visage buriné si catactéristique est déjà complètement fait.