Je ne regarde que trop rarement des films, bien malheureusement, mais lorsque cela m'arrive, dieu sait que j'aime voir dans mon cinéma des tortues, des cochons et des poissons dans tous les sens. Non non, il n'y a aucun fantasme là-dessous. Après tout, je vois quelques canards et poules d'eau tous les matins en longeant une petite rivière. Pourtant, pourtant... Ne vous est-il jamais arrivé un jour de vous poser un peu exténué et embourbé dans je-ne-sais-quelle mélasse de pensée devant un lac, et penser à haute voix "J'aimerais devenir un canard." ? Peut-être non, mais alors je ne sais pas ce que vous penserez d'Arizona Dream.
Arizona Dream est un film de sourd. Les personnages ne s'entendent pas, le réalisateur ne s'écoute pas et les spectateurs essaieront de lire sur les lèvres mais ne comprendront sûrement que quelques mots. Les scènes défilent, chacun avance avec son idée et ses rêves, puis la cacophonie commence à battre son plein. Point de bizarrerie là-dedans, chaque personnage est compréhensible, rationnel et fou : un peu comme vous et moi. Les seules étrangetés que vous pourrez voir dans ce magnifique fatras de bidules seront uniquement dues aux différentes discordes arrivant comme des cheveux sur la soupe.
Mais peu importe les discordes, en quoi seraient-elles importantes ? Ici on déteste car on veut détester, on aime pour aimer, on veut mourir pour la beauté du geste : les autres sont des excuses, par une raison. Donc allons mes amis ! Laissez-vous entraîner tranquillement dans ce tas d'images. Vous n'entendrez rien à part une belle musique et vous verrez ce que vous voudrez voir. N'est-ce pas là la définition du film parfait ?