"Ben euh... ça se raconte pas trop en fait, faut le voir"
Est sûrement la phrase que j'ai le plus dite à propos de ce film. C'est vrai, sur le moment on comprend tout, et puis au moment de répondre à la question "mais ça parle de quoi ?" on ne sait pas quoi dire. On se retrouve face au coup de génie du film qui est de nous rappeler qu'un rêve c'est pas racontable.
Vous allez dire quoi ? "Ben au début y'a des eskimos et en fait c'est un rêve de Johnny Depp qui compte les poissons et leur montre ses rêves en même temps et Johnny Depp va au mariage de son oncle qui est aussi son héros d'enfance et qui vend des Cadillac..."
Vous le sentez là, l'oeil de votre interlocuteur qui se ferme ? Ses pensées qui se dirigent vers ce qu'il va bien pouvoir manger ce soir ? Son sourire figé pour laisser croire qu'il nous écoute patiemment ?
Arizona Dream ça peut pas se raconter tant tout est onirique. On se perd entre les rêves et la réalité, on ne sait pas si une situation est réelle, si c'est un rêve d'un des personnages, si tout est un rêve des eskimos du début. On n'en sait rien, on reste juste là devant, happé du début à la fin.
Chaque personnage, on développe une empathie, et au sortir du film, ramené à la réalité, on se rend compte qu'on s'est déconnecté aussitôt et qu'on ne sait plus bien ce qu'il s'est passé, qui est qui, qui a fait quoi. Les personnages eux-même semblent ne pas trop savoir quoi faire, tout semble irréel et en même temps faire appel à des choses qu'on peut tous se remémorer.
La musique c'est pareil, elle semble se détacher du film tout en le suivant, c'est bel et bien un accompagnement et une des bandes originales les plus réussies selon moi de ce point de vue là. C'est joyeux, puis mélancolique, puis horriblement triste, et parfois tout ça à la fois.
Je sais, ma critique peut paraître un peu bordélique, mais en même temps je vous l'ai dit, ça se raconte pas, faut le voir pour comprendre