Alors qu'il avait l'ébauche d'un thriller paranoïaque, Arlington Road se prend à son propre piège et vire parfois au ridicule.
La faute notamment à une direction d'acteur ratée qui, malgré son choix audacieux de faire jouer le méchant par Tim Robbins et le gentil par Jeff Bridges (alors qu'on aurait plus facilement fait jouer l'un par l'autre), voit ce dernier être mauvais, en faisant beaucoup, avec ses cris et ses yeux trop écarquillés.
La faute aussi à une mise en scène sans personnalité (son réalisateur est un quasi inconnu qui n'a semblerait-il pas eu le temps d'avoir une patte), qui en fait elle aussi des caisses, trop poussive et abusant d'effets sonores et visuels (propre à son époque 90s) pour souligner ce qu'elle n'arrive pas à rendre percutant (demeure pourtant un générique d'ouverture stylisé et marquant).
La faute enfin à un scénario trop répétitif (la mort de la première épouse du héros qui le hante) et des choix maladroits (on pense à cette scène où la clique de terroristes vire soudain à la secte hilare de Rosemary's Baby).
Tout cela gâche malheureusement un film qui promettait son lot de scènes ambiguës, une confrontation de deux grands acteurs et, ce que seule sa fin glaçante et surprenante pour un film de cette carrure permet enfin, une lecture intéressante et politique du complot et de la manipulation d'une masse soit aveugle soit sinoque qui aurait être bien plus affinée et creusée
Il est d'ailleurs assez ironique de découvrir un tel film en le sachant sorti deux ans avant les attentats du 11 septembre 2001 où, pour rassurer son peuple, les autorités américaines désignèrent et nommèrent un ennemi construit de toute pièce (ce que l'un des cours du personnage de Bridges décrit dans une scène centrale).