Michael Bay en sale gosse qui se complaît dans le beauf et la bêtise crasse ne peut s’empêcher de faire un pied nez à Roland Emmerich en oblitérant un marchand de jouets Godzilla à coup de météorite. A partir de ce simple constat, on peut dérouler toute la filmographie du bonhomme en termes de ton : c’était, et ce sera, bas du front.
Mais si sa carrière a eu autant d’éclat, c’est aussi qu’il est un faiseur remarquable dont la patte est singulière, et que rares sont les cinéastes (car il en est un) capables de filmer l’action d’une manière aussi claire et dynamique. Certes, c’est très clinquant, très dans ta face, mais c’est efficace. Du moins, généralement. La première moitié se passant sur Terre est regardable malgré la stupidité du scénario (c’est rigolo un papa énervé qui tire au fusil à pompe sur le mec de sa fille) et le nauséabond des blagues (c’est rigolo un personnage qui admet être un pédophile et qui est utilisé avec de gros clins d’oeil au spectateur, car après tout s’il est sympathique, c’est pas un soucis). Mais quand l’équipée arrive sur l'astéroïde, ça devient très vite foutraque et laid, rendant cette seconde partie imbuvable, puisqu’elle ne se détache pas des tares de la première.
Bay livre donc un pur produit de sa marque, et c’est bien là tout ce qu’on peut lui reconnaître. Un réalisateur dont la signature se fait à la pisse, mais qui a tout de même connu quelques moments de grâce dans sa carrière (Pain and Gain, Ambulance). Si Armageddon est plus digeste qu’un Pearl Harbor ou un Bad Boys, il n’en reste pas moins un sommet de connerie pour lequel les années n’ont rien changé, puisque le fustigeant déjà lorsque j’étais ce public adolescent boutonneux auquel il s’adresse.
Ceci étant dit, Bay a une meilleure longévité que Emmerich dont les dernières merdes s'enchaînent dans l'indifférence générale.