Bien avant Heat, il y avait Armored Car Robbery. Un film où on passe du gentil au méchant puis du méchant en gentil, sans problème, suivant ainsi scrupuleusement les codes du bon vieux Alfred.

La mise en scène est bluffante. Richard Fleischer s'est déjà fait ses armes en l'espace de quelques longs métrages et fait preuve de maîtrise au travers de ce polar atypique par son traitement. La composition des plans est toujours solide, la caméra bouge quand il faut et la gestion des noirs et blancs est irréprochable, surtout lorsqu'il s'agit de plans de nuit.

Le scénario est bien solide, l'auteur ayant su utiliser le changement de point de vue pour mieux camoufler les dei ex machinae. Par exemple, lorsque les flics trouvent un indice par chance, nous tenons à ce moment là avec les méchants ; ce coup de théâtre est alors perçu comme un conflit puisqu'à le spectateur s'identifie avec les gangsters. De même j'ai beaucoup aimé le jeu sur les codes du genre. En début de film, un des gangsters commet une bévue; c'est souligné très fortement ce qui est plus intéressant que de vouloir le cacher : il en résulte donc l'impression qu'on ne prend pas le spectateur pour un con, au contraire, on lui fait croire qu'il est intelligent, car à ce moment là c'est comme si Fleischer nous rendait complice de l'écriture.

La fin est peut être un peu plus faible. Il y a de très bonnes idées et qui en plus sont très variées (et oui il y a même de la mise sur écoute dans ce film!), mais certains affrontements ne tiennent pas leurs promesses, que ce soit pour coincer Mapes ou le boss à la fin. Ce n'est pas nul non plus, attention, c'est même de très grande qualité. Mais la tension était si forte jusque là, qu'il aurait été plus judicieux de tout faire 'péter' , je pense, alors que les scènes finales manquent un peu de peps. Peut être simplement décortiquer plus longuement ces scènes aurait suffit.

Bref, un excellent film noir qui a le mérite d'aller droit au but sans pour autant négliger le jeu possible avec la grammaire cinématographique. C'est ludique, passionnant, intriguant, surprenant, bref, c'est ce que Heat aurait dû être.
Fatpooper
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le 31 mai 2012

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