Voilà un bon petit film de série B très efficace, malgré son manque d'originalité. C'est fou comme ce genre d'histoire portant sur un hold-up pourrait très bien être repris aujourd'hui à la lettre. Les codes utilisés ici, on les retrouve disséminés dans pas mal de films policiers. Présentation des personnages et du plan, casse, collègues abandonnés si besoin est, cordon de la police qui se resserre et qui exploite toute faille laissée par les malfaiteurs, vengeance de l'inspecteur et nouvelle recrue, et surtout filature (avec plus tard une mise à l'écoute) qui occupe 3/4 de la tension du film.


Avec vraiment peu de moyens, Richard Fleischer conduit ainsi son intrigue sur un bon rythme. En 1h07 il se passe plein de choses et on n'a pas le temps de s'ennuyer. Bon c'est sûr qu'en comparaison, je préfère les films noirs de Anthony Mann. La réalisation ici, malgré une bonne utilisation du N & B, et tout particulièrement des lieux exigus (docks, ruelle de derrière, ...) qui donnent l'impression qu'une sorte de filet se ressert autour des personnages, est moins personnelle et fait surtout un peu datée (notamment les échanges de coups de feu et de poing), et la psychologie des personnages va droit à l'essentiel sans essayer de renouveler le genre (les truands sans pitié Vs les flics qui vont tout faire pour les rattraper, et à la fin la justice est faite). Un petit procédé narratif qui me rappelle son premier film, c'est qu'ici il n'y a aucun bout de gras au compteur, tout se déroule comme sur des roulettes et on sent que chaque élément sert à faire à avancer l'histoire. Un minimalisme qui donne un bon côté sec et rugueux à l'histoire et l'ambiance.


A part cette efficacité qui traverse le film, ce qui tirent ce dernier vers le haut, ce sont les acteurs. Ils ne manquent pas de conviction dans leur interprétation, en tête les deux gangsters qui mènent le groupe. En peu de scènes, Fleischer définit leur caractère : le cerveau, à la prudence obsessionnelle, fortement individualiste et brutal, et son compère, charmeur et légèrement négligent, ce qui conduira lentement le groupe à sa perte. Il y a aussi le policier opiniâtre aux sentiments rentrés (et motivé par la vengeance même si c'est traité en peu de temps, dommage mais c'est un peu la limite du format) et la jeune recrue qui n'hésite pas à prendre des risques. Il y a enfin une petite touche de charme bienvenue, femme fatale qui sera la deuxième entorse au plan parfait. Bref, pas indispensable comme film, mais parfait pour s'initier à un genre qui est l'équivalent sur pellicule des romans de gare des années 30-40.

Arnaud_Mercadie
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le 28 avr. 2017

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Dun

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