Le cinéma aime les légendes, et c'est surtout le cas pour Hollywood. C'est pour ça que selon le mythe, les plus grands réalisateurs en arrivant devant ces 9 lettres posées sur la montagne, sortent de leur voitures lunettes de soleil sur le nez et cigarette à la mains lèvent la tête et disent "Un jour c’est moi qui te regarderai de haut".
Tout le monde ne sera pas d’accord mais j’aime beaucoup Zack Snyder, notamment dans sa manière de concevoir le blockbuster qui se rapprocherai plus du péplum tant sa vision de l’épique est efficace, un pur déferlement de testostérone et d'exploit physique derrière lesquelles vont se glisser des idées toutes aussi fortes. On peut d’ailleurs penser que le fait de mettre en scène un péplum comme 300 puis présenter un personnage comme Superman lui a beaucoup servit dans sa manière de concevoir des personnages limites divins tant chacune de leurs actions redonnaient un sens au mot épique, et je pense notamment aux combats ou on sentirait presque chaque coup percuter en nous.
Je vois en Snyder, tout comme il est indéniable de voir en Nolan, une personne capable de se réapproprier les codes habituellement impersonnels du blockbuster pour en faire quelque chose de réellement novateur et propre à lui, en témoigne ma précédente critique sur sa dernière SnyderCut. Cette comparaison est aussi élogieuse que le constat de ce Army of the Dead est amer. Nan sérieux Snyder il s’est passé quoi ?
Alors oui certains me diront que faire un film de zombie c’est un retour au source quand on pense à son premier film (que je n’aie pas vu) sauf que depuis cette époque le réalisateur a évolué, si bien que sa réalisation percutante ne peut plus coller à un massacre zombies, il faut plus fort que ça, se détacher de simples humains et de chaires purifiées pour se rapprocher plus d'une image "divine". On essayera tant bien que mal de nous donner un super zombie mais dont la faible présence à l’écran et sa force peu démontrée enlève le coté divin qu’on cherchait. Et c’est globalement pareil avec les personnages, eux-aussi profondément humain, faibles. Et le résultat à la réalisation est sans appel, c’est plutôt plat, voir même lent par moment, On est très loin du génie jouissif de son réalisateur qui n’arrive pas à comprendre que se diversifier ne signifie pas se perdre dans ce qu’on ne maîtrise pas, où plus, où tout simplement que les attentes sont si fortes qu’il ne fallait pas s’abaisser à ça.
C’est un constat, ce que veut faire Snyder vis à vis de DC est extrêmement coûteux et risqué, il était donc logique qu’il parte tôt où tard de la boite, surtout durant cette période aussi hasardeuse. Signer avec Netflix dans un contexte de pandémie était plus que logique mais il ne fallait surtout pas se rater, quitte à rester dans sa zone de confort. Car ça va bientôt faire 16 ans que le bougre n’a pas fait de film sans s’attacher à un support papier, plus où moins suivit à la lettre mais quand même. Il est même selon plus important pour Snyder de se détacher de son image d’adaptateur que de celui de réalisateur de blockbusters. Et malgré ce que les records disent ne nous voilons pas la face : c’est un échec sur ces deux points, et sûrement un ratage qui fera beaucoup souffrir son réalisateur sur le long terme.
Il y a déjà cette histoire, qu’il fallait essayer au mieux de gérer pour à la fois sortir des codes surexploités
(durant la dernière décennie) du film de zombie tout en ne bossant pas trop dessus pour se concentrer sur le travail de réalisation ; là où le publique attendait Snyder. Mais il y a une différence entre ne pas être une priorité et ne rien faire, car le travail scénaristique fourni est vraiment médiocre. Et ceux qui en souffrent le plus c’est bien sûr les personnages, tous des archétypes, cela ne serait pas vraiment un problème si ils arrivaient à évoluer. On les sent vidés d’âme (cocasse étant donné qu'on a affaire à un film de zombie) si bien qu’on reconnaît les codes sans qu’ils servent d’une quelconque manière au film. C’est particulièrement vrai pour Mikey Guzman dont on ne ressent jamais le coté casse-cou et Marianne Peters dont on ne perçoit pas le coté rebelle. Et même les acteurs n’ont pas l’air d’y croire tant ils sont détachés de leur propre rôle. Et ce n’est pas en rappelant leur passé avec une musique triste que ça va plus les humanisés. Au final on n’a qu’une simple brigade fade dont on ne prendra ni plaisir ni tristesse à voir mourir. De plus ces morts ne vous surprendrons pas, on les voit venir à l’avance. Je dirai même que c’est l’ensemble du film qui est prévisible, à chaque scène on sait déjà comment ça se conclura. J’aime beaucoup la description d’un de mes confrère : "Le film qui met 1h15 à démarrer, puis 1h15 à se terminer." car il n’y a aucun arc narratif, aucune évolution, donc on attend la première moitié du film pour que tout se mette en place pour au final que le film, au même titre que le spectateur, subisse une longue heure d’agonie ne savant pas où il doit aller.
On ressent de l’ennuie à la réalisation, presque un manque d’imagination tant la plupart des idées viennent de films connus (Léon, Le Labyrinthe et Peninsula pour ne citer qu’eux), oui, je pense que comme le spectateur, Snyder s’ennuie, ou paresse, esquivant tous les sujets sérieux pour ne raconter… qu’une histoire, il a suivit le speech de base quoi. Et ça se ressent sur une réalisation moins personnelle, plus limitée, à montrer les limites de ses personnages, donc factuellement moins grandiose. Zack Snyder c’est pas ça, ça c’est un film mauvais pour stimuler les fans de Netflix...c’est vraiment ça le future ? Le roi est-il mort ?
Army of the Dead est un film d’action médiocre et paresseux, loin d’être à la hauteur de ce qui était promis, loin de toutes envies de refléter le génie de son réalisateur. Mais voyons le bon coté, cela forcera peu-être les gens à retourner en salle...