Malgré ses 90 millions de dollars de budget, Army of the Dead a souvent des allures de petite série B d’horreur, de celles qui pullulent dans les festivals de cinéma de genre.
Cette impression, d’abord portée par une image assez fade au final, est renforcée par l’aspect avare du film, son nombre incompréhensiblement faible de décors et son aspect presque huit-clos par moment. Mais elle l’est aussi par la facture des effets spéciaux, tous affublés d’un aspect un peu « bloom » ou flou qui appuie le caractère factice de l’ensemble, comme si le choix avait été fait délibérément de montrer que tout ça est faux. Et comme le maquillage global des zombies est le plus banal qui soit, que le fameux générique à la Snyder se coltine une police de caractère basique dans un violet criard placardée vulgairement en plein écran et qu’on a le droit aux habituelles incrustations sur fonds verts foireuses de temps à autre, il est bien difficile de comprendre où est passé tout ce budget. A part peut-être dans la musique, où Snyder nous refait le coup des multiples reprises de standards rock, allant évidemment d’Elvis (Viva Las Vegas !) à Creedence Clearwater Revival, avec la délicatesse légendaire qui le caractérise, en témoigne la conclusion du film sur « Zombie » des Cranberries. Vous l’avez ?
Alors y a-t-il encore quelque chose à tirer de ces 2h30 de braquage zombie ?
Éventuellement un peu de gore, mais sans grande imagination, répétant jusqu’à l’ennui des head shots numériques et offrant grand maximum deux mises à mort rigolotes, par un Snyder qui finit par se citer lui-même, nous refaisant le coup de la femme zombie enceinte.
Avec sa durée massue et un rythme balourd sous couvert d’être « réaliste », c’est une vraie torpeur morte-vivante que provoque ce très long-métrage qui a oublié d’être fun, qui se prend mortellement au sérieux sans jamais donner les bagages suffisants à ses pantins de personnages pour être à la hauteur, et qui échoue surtout à offrir un spectacle décent et mémorable, d’autant plus vu son postulat de départ alléchant et son budget.
A l’image de sa photographie délavée et terne, de ses losers crétins, de ses décors ultra limités et de ses reprises musicales souvent malheureuses, Army of the Dead semble bel et bien être le fruit d’un metteur en scène aussi fatigué que ses créatures.
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