C'est ce qui s'appelle, sans doute, boucler la boucle.
De manière évidente tout d'abord, puisque Zack Snyder revient aux sources : celles du film de zombie. De manière accidentelle aussi, puisque cet exploit, le premier, s'appelait... L'Armée des Morts, dans une traduction tellement française que l'on croirait presque avoir à faire avec un titre québécois.
Army of the Dead promettait beaucoup. Trop sans doute. Du Zack Snyder aux coudées franches, de l'open bar made in Netflix, le budget, le casting, et plus encore.
Sauf que finalement, Army of the Dead ressemble comme deux gouttes d'eau au cut de Justice League tel que voulu par son maître d'oeuvre. Et on se retrouve donc, encore une fois, avec un film bien trop long pour ce qu'il a à raconter. Tout comme il a la manie de faire durer sa séquence finale bien plus que de raison. Même si au bout du compte, il se montre généreux et souvent spectaculaire.
Et comme le Snyder Cut de Justice League l'avait montré, Army of the Dead est irrigué de traumas assez simplistes, à l'instar de celui de Cyborg, aux limites de l'enfantin. Dave Bautista, aujourd'hui, ne peut pas tout sauver : même si son charisme mélancolique est toujours aussi magnétique, l'entendre parler menu de food truck avec Ella Purnell, ou encore se lancer dans le best of gastronomique du tofu a de quoi faire rager, tant de telles considérations, dans un film de zombies, paraîtront hors-sujet.
Et de la même manière, écrire des personnages et les investir semble relever de la gageure pour Zack, tant sa galerie de portraits demeure anodine. Et dans un film de zombies, avoir des personnages qui manquent à ce point de chair, ce serait presque un comble, pour tout vous dire.
Mais il reste pourtant certaines fulgurances appréciables de ce côté-ci de Las Vegas, dans un melting pot tout simplement ahurissant, qui braconnera finalement partout, même dans les recoins les plus insoupçonnés de la cinéphilie. Comme si Aliens : Le Retour, Silent Hill, le genre western, l' heroic fantasy zinzin, le John Carpenter de Ghost of Mars, Resident Evil : Extinction ou encore le Doomsday de Neil Marshall avaient donné naissance à un rejeton illégitime au terme d'un gangbang tout aussi alcoolisé que sauvage.
Il y a donc, dans Army of the Dead, beaucoup à boire, à manger, et de gras, surtout au terme de deux heures vingt d'un rythme en dents de scie. Et il y a aussi, en creux, cette catharsis, parfois émouvante, d'un homme qui se raconte en filigrane, peut être, tant sur ses rapports filiaux que sur son regard sur l'industrie du divertissement qu'il n'est pourtant pas le dernier à nourrir.
Army of the Dead s'impose donc comme un objet cinéma des plus contradictoires : aussi généreux que frustrant, aussi émouvant, parfois, qu'énervant, aussi spectaculaire que brouillon. De quoi confirmer ce que chacun pense finalement de Zack Snyder, en somme...
Behind_the_Mask, qui découvre les dangers de la pipe en voiture.