J'ai revu Catch me if you can. La première fois, c'était il y a trois ans, car je jouais avec l'orchestre de mon lycée des extraits de la BO. Et quelle BO ! On retrouve encore une fois le compositeur John Williams au sommet de son Art, mais j'y reviendrai.
Catch me if you can, c'est l'enfance contre l'âge adulte, c'est l’illusion et l’irréalité contre l'acceptation d'une vérité moins brillante, mais bien réelle.
Frank Abagnale Jr (Di Caprio) fuit le domicile familial suite au divorce brutal de ses parents. Divorce qu'il refuse d'admettre et qui est le point de départ du récit.
Frank se lance dans la fraude : il émet des faux chèques, usurpe des identités, et cela devient vite une addiction : un mensonge en appelle un autre, puis un autre, jusqu’à ce qu’on se retrouve co-pilote de Pan American Airlines alors qu’on n’y connaît absolument rien. Et à chaque fois, jouant de son charme et de son culot, Frank passe à travers les mailles du filet.
Frank refuse d'accepter la séparation de ses parents, il s'obstine en un vain désir de les voir se réconcilier un jour grâce à l'argent qu'il accumule (plus de deux millions de dollars dans vingt pays différents)
Malheureusement, il lui faudra la double révélation de la mort de son père ainsi que la vision cruelle de sa mère remariée (la dernière personne chère vers laquelle il se dirige lors de son ultime escapade) pour qu'il retrouve la raison.
Parlons du policier, Hanratty interprété par un Tom Hanks fidèle à lui même, c'est à dire excellent.
Il incarne, à l'opposé d'Abagnale, l'âge de raison, la stabilité, la recherche de la verité (How did you do it, Frank? How did you cheat on the bar exam in Louisiana?")
Il va apparaître comme un père de substitution pour Frank, cherchant à le ramener sur le droit chemin, et au fil de la traque les deux personnages vont développer une relation singulière, se parlant toutes les veilles de Noël. (Coïncidence? Noël est la première désillusion de l'enfance).
Ils ont en commun qu'ils côtoient beaucoup de personnes mais sont quand même seuls.
Carl est à l’image de la réalité : la réalité finit toujours par nous rattraper mais nous relâche dès lors qu’on l’accepte. Frank, exorcisant les fantômes de l’enfance, devient adulte et accepte une réalité terne : alors qu'il s’apprête a repartir en cavale, il prend conscience que personne ne le pourchasse, il peut retourner au boulot sans craindre le lendemain.
I’m going to let you fly tonight, Frank. I’m not even going to try to stop you. That’s because I know you’ll be back on Monday.
-Yeah? How do you know I’ll come back?
-Frank, look. Nobody’s chasing you.
Revenons à la BO.
Le thème principal, exposé pendant l'introduction animée, préfigure l'ambiance du film. De courtes phrases entrecoupées de claquements de doigts, s'intensifiant et accélérant au fil de la partition, avec une harmonie de plus en plus tendue, comme une personne déterminée s'approchant de plus en plus.
Tantôt au vibraphone, tantôt aux cordes, ce thème furtif et espiègle, semble nous glisser entre les doigts. Sur l'extravagant sax alto et sa walking bass on imagine facilement Hanratty se faufilant derrière Abagnale.
Le génie de Williams est de retranscrire dans ce thème une atmosphère de poursuite, tendue, tout en restant dans un registre léger, accentué par l'ambiance jazzy
Je crois que j'ai encore plus apprécié ce film à mon deuxième visionnage. Il faut dire qu'on a affaire à une équipe qui gagne, et le casting n'y est pas pour rien : ils confèrent au film une énergie fébrile et communicative.