Arrête-moi si tu peux par Roland Comte
Le film s’inspire de l’aventure extraordinaire (mais véridique) du jeune Frank Abagnale, Jr. (interprété par Leonardo di Caprio) qui, dans les années 60, devint un véritable caméléon, usurpant plusieurs identités, se faisant passer tour à tour pour un pilote de ligne, un médecin, un avocat, un procureur, etc., fabriquant de faux chèques, et multipliant les escroqueries jusqu’à ce qu’il tombe dans les filets du FBI et ne devienne la proie personnelle de l'agent Carl Handratty (Tom Hanks) qui se jura de l’arrêter et y parvint au bout d’une cavale de 6 ans.
Après son arrestation, le FBI lui proposa de travailler pour lui et de l'aider à démasquer les faussaires.
Bien qu’Abagnale ait été associé au scénario, le film prend beaucoup de libertés avec une réalité pourtant déjà suffisamment fournie en rebondissements et en faits incroyables pour faire un scénario en or massif. C’est un reproche récurrent que l’on doit faire à Spielberg qui, dans tous ses films, en rajoute toujours et ne sait jamais se refréner.
La police française et les prisons de notre pays sont aussi décrites dans le film comme elles devaient l'être au Moyen-âge. On aurait pu s’attendre à mieux de la part de Steven Spielberg qui, s’il n’a pas personnellement eu affaire avec la réalité carcérale française, aurait pu prendre la peine de se renseigner sur celle-ci. La scène de l’arrestation d’Abagnale en France est aussi traitée de manière grotesque, en contradiction avec ce qui s’est réellement passé, à savoir qu’il fut discrètement interpellé par les forces de l’ordre alors qu’il faisait des emplettes dans un magasin de Montpellier et non après une course poursuite par plusieurs véhicules de police avec des flics sur les dents prêts à le descendre, comme cela est montré dans le film (Une arrestation sans effusion aurait, il est vrai, été moins spectaculaire !) Cela explique peut-être pourquoi le film a été relativement boudé par le public français (il semblerait qu’il ait beaucoup mieux marché aux Etats-Unis où il est crédité de 98 % d'opinions favorables par le site Rotten Tomatoes qui n'est pourtant généralement pas tendre dans ses jugements).
Reste que ce film, malgré un titre peu parlant, est un excellent film, en grande partie grâce à l’époustouflante prestation de Leonardo Di Caprio. En effet, celui-ci, dont on a déjà souvent eu l'occasion d'apprécier le talent, rend crédible, avec une aisance insolente, son passage de l'enfance à l'âge adulte, ainsi que les diverses identités qu'il incarne. Son talent lui permet même d’éclipser sans effort celui de ce vieux briscard de Tom Hanks qui avait déjà pourtant, à l'époque du tournage, un sacré palmarès avec des films aussi admirables que Philadelphia (1993) ou Forrest Gump.