Comme dans Souvenirs de Marnie, la première oeuvre de Hiromasa Yonebayashi débute avec la maladie. Tout comme Anna, Sho est envoyé à la campagne pour se reposer. Il n'est cependant pas le personnage principal du film, mais Arrietty, indépendante et curieuse, dont les limites de son petit monde sont immédiatement dessinées (La maison où elle se cache et le jardin qui l'entoure) ainsi que son mode de vie à l'occasion de sa première maraude.
Histoire d'une relation que l'on devine impossible dès la première rencontre de ses héros, Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs émeut en ce qu'il raconte, au fond, l'amitié de deux enfants qui se battent pour survivre. Lui, à une opération du coeur, elle contre l'extinction de sa race. Car la menace qui pèse sur les petits chapardeurs est réelle, les poussant à se cacher de la vue des hommes dont ils dépendent pourtant. C'est cette amitié, d'abord maladroite, et le souci d'aider exprimé par Sho qui mettra en péril la famille de l'héroïne, illustrant la sagesse populaire selon laquelle la route de l'enfer est pavée de bonnes intentions.
Comme dans Souvenirs de Marnie, les parents de Sho s'avèrent absents, thème récurrent chez Yonebayashi qui contribue à un aspect contemplatif et à cette ambiance de mélancolie omniprésente assez rare finalement pour un film Ghibli. Cette atmosphère étrange est doublée d'un sentiment "d'européanité" qui, s'il vient d'abord du bouquin qui est ici adaptée, est surtout relayée par la magnifique musique, quasi celtique par instant, purement japonaise à d'autres occasions, de la Française Cécile Corbel. Celle-ci remplace Joe Hisaishi, pourtant compagnon de route indéfectible du studio.
Film exaltant la simplicité et la douceur, aussi pur et élémentaire qu'une goutte de pluie, Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs se place à la hauteur de ses petits héros, tant par ses enjeux que par son propos, pour envouter son spectateur par la poésie du quotidien qui l'anime.