Luc Besson achève donc avec ce troisième volet sa trilogie Arthur et les Minimoys aux ambitions certaines, créer une nouvelle saga populaire pour la jeunesse et qui ne soit pas réservée qu'au marché français. La série a mélangé ingrédients américains et inspirations européennes pour un résultat tout de même assez mitigé d’un point de vue plus adulte que la cible jeunesse.

J’étais ainsi resté froid devant le premier volet, qui ne semblait pas atteindre ses objectifs. Le deuxième m’avait démontré que le potentiel était là, ralentissant son rythme pour mieux s’imposer, se permettant de le faire car le deuxième et le troisième ne font qu’un seul tenant. Ce troisième est donc une suite directe, mais un petit récapitulatif est présent au début du métrage.

Maltazard, le grand vilain de cette trilogie a ainsi réussi à quitter le monde minuscule des Minimoys pour arriver dans le monde réel, qu’il va chercher à conquérir. Pour l'en empêcher, le jeune Arthur, allié de ces petits lutins, va retourner dans son monde qu’il connaît bien, celui de la surface, sauf qu’il est toujours sous sa forme de Minimoys. Il peut compter sur la princesse Sélénia et son frère Bétamèche, mais aussi d’autres personnes qui lui prêteront main-forte dont son grand-père, qui connaît le secret des Minimoys.

Maltazard dans le monde des humains, nos jeunes alliés prêts à en découdre, voilà de quoi promettre une aventure épique. C’est difficilement le cas car le film temporise à nouveau, peinant à suivre une trame directe et simple, s’autorisant de nombreux pas de côté. Maltazard fait ainsi usage de chirurgie esthétique pour se dissimuler, un résultat très convaincant, proche d’un film d’horreur (avec un amusant clin d’oeil à Mandrake), et c’est pourtant balayé peu de temps après quand le vilain revient dans la ferme des grands-parents d’Arthur pour mieux se faire démasquer.

Un autre exemple de son histoire mal assurée, c’est son emploi systématique et à la longue ridicule de différents moyens de transport pour amener ses personnages d’un bout à l’autre. Certes, ils sont petits, ils ont de petites pattes, mais Arthur, Sélénia et Betamèche utiliseront ainsi une plaque de shérif pour glisser dans des égouts, une bulle d’air dans des conduites d’eau, une voiture, un train et un avion miniature dans la maison familiale, une abeille, une vraie voiture, et j’en oublie. L’idée du mouvement obsède le film, qui ne veut pas que ses héros restent sur place, et c’est aussi le cas de ses vilains. Elles permettent aussi d’offrir quelques scènes un peu plus vitaminées, avec pour certaines assez réussies, ce n’est pas le problème. L’inconvénient, c’est cette étrange fixation bien trop perceptible et qui est du temps utilisé au lieu de développer son intrigue ou ses personnages.

Heureusement, en dehors de son histoire mal assurée, ce dernier volet réussit mieux l’un de ses paris, faire vivre le monde des humains mais à l’échelle miniature. Le monde des Minimoys est quasiment absent, cette fantaisie elfique et champêtre crée par Philippe Rouchier, même si on en trouve quelques émissaires, des gardiens grochons aux designs bien intégrés dans les milieux naturels où ils en sont les représentants. La nature à petite échelle est moins présente, mais la découverte de la ruche offre tout de même beau moment esthétique.

Ce troisième volet est donc plus humain, plus urbain, même si le terme reste un peu exagéré. La ville de Daisy Town est une charmante reconstruction de villes des années 1950 et 1960, avec ses monuments emblématiques, d’un toc très hollywoodien de cette époque, édifiée en Normandie pour les besoins du film. La plus grande réussite est probablement cette petite maison des grands-parents, pleine de recoins, redécouverte sous un angle miniature. Difficile de ne pas penser à Chérie, j’ai rétréci les gosses, notamment avec certaines scènes, mais il en reste malgré tout une certaine fantaisie et un humour bon enfant qui fonctionne parfaitement.

Pour s’assurer de sa réussite, Arthur 3 a obtenu l’un des budgets les plus chers du cinéma français. Il possède peu d’acteurs célèbres, dont Mia Farrow en grand-mère, complètement inutile ici, mais certains grands noms assurent les doublages. Dans la version anglaise, Selena Gomez, Iggy Pop, Lou Reed ou Jimmy Fallon sont au programme, un investissement qui a dû être douloureux car le film n’est pas sorti aux États-Unis, faute de succès des précédents... En France, Mylène Farmer, Marc Lavoine, Cartman ou Gérard Darmon sont aux voix, pour un résultat plutôt convaincant. Il n’y a pas de miracles, en dehors de Darkos, fils de Malthazard, les personnages resteront les mêmes tels qu’on les a connu. Et la princesse Sélénia reste cette peste qui répond toujours agressivement, démontrant avec d'autres que les personnages féminins dans Arthur sont vraiment à la traîne.

Ce troisième volet conclut la trilogie sur une note moins positive, ne poursuivant pas suffisamment sur l’élan encourageant du premier, peinant à installer son histoire ou ses personnages, n’arrivant pas à créer le sentiment de menace attendu. Mais le film arrive à créer un émerveillement sur le monde traversé (par tous les moyens), propre à une certaine époque de ces films familiaux qui devaient faire rêver l’enfant. Et c’est bien de lui dont il est question, de l’enfant visé, à l’image de ces adultes un peu ridicules, en dehors du grand-père (la meilleure prestation du film, merci Robert Stanton). Ce n’est pas parfait, mais Luc Besson a durement travaillé pour imposer cette saga et le résultat conviendra à un public plus jeune, la trilogie n’ayant pas si mal vieillie d’un point de vue visuel.

Est-ce tout de même bien suffisant pour considérer cette série de trois films comme une saga générationnelle comme l’a fait le très décrié Arthur, malédiction en 2022 ?

SimplySmackkk
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le 27 sept. 2024

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