Je sais, parler ici de Luc Besson semble plus relever de l'enfonçage de porte ouverte que de la critique fine et inattendue. Je n'en disconviens pas. Mais un phénomène fréquent me pousse à clouer les points sur « i » avec une visseuse industrielle : je croise régulièrement des gens qui me répondent « euuuhh... mais si, c'est bien Luc Besson... ! » Voilà. C'est à cause d'eux. C'est de leur faute.
Rien, absolument rien dans la carrière de Luc ne prête à l'indulgence.
Le dernier combat ? Un aimable téléfilm qui serait tombé aux oubliettes du cinoche franchouillard si le Luc n'avait pas persévéré par la suite. Ouaip, OK, le noir & blanc ça fait super arty. Mais ça ne suffit pas à en faire un bon film. Bon, puis y a déjà Jean Réno, et ça, ça donne une idée du côté visionnaire du nounours à blockbusters... ! Et puis la musique est d'Eric Serra.
Subway ? Mea culpa, je dois rendre hommage à ce film qui m'a appris, à 17ans, ce que pouvait représenter le vide sub-luminique au cinéma, mieux que n'importe quel Star Wars. Trois néons flashy, deux répliques idiotes, trois acteurs avec des mèches super 80, et hop ! Circulez, il ne se passe rien. On y trouve, élément aggravant, le creuset, la matrice de ce que seront tous les scénars du hérisson fou dans les 25 ans à venir.
Le Grand Bleu ? C'est long, une pub Banque Populaire qui dure trois heures ! Et puis la musique est d'Eric Serra.
Nikita ? Ah Là, la première fois on se dit « Pas mal ! » Enfin, on trouve la première moitié pas mal. Enfin, la première demi-heure pour être exact. Enfin, le jour où on revoie le film, on se rend compte qu'en fait non, même la première demi-heure est bidon, mélange de psychologie de Think Tank républicain et d'un réalisme louchant vers les mangas pré-pubères. Les grands films ne vieillissent pas, celui-là semble avoir 500 ans. Et puis la musique est d'Eric Serra.
Atlantis ? J'ai pas osé. Et puis la musique est d'Eric Serra.
Léon ? Besson atteint son âge d'or, le scénario qu'il travaille depuis plus de 10 ans est enfin prêt (c'est juste dommage qu'il sorte une copie en salle à chaque nouvelle mouture...). Les archétypes sont tous présents : la meuf hyper sexy à protégé (ici à 12 ans), un héros en Audi, des gros blacks et des chinois super-méchants qui les poursuivent, des course-poursuites en caisse puissantes, les putes et les taxis... Pour plus de détails sur la touche Besson et ses productions :
http://tele.fluctuat.net/blog/35262-luc-besson-revu-par-mozinor.html
Et puis la musique est d'Eric Serra.
Le cinquième élément ? Un film très très moyen : donc sans doute son meilleur. La psychologie de BD des personnages sonne plutôt juste dans ces décors de carton-pâte. Mais bon, la musique est d'Eric Serra.
Jeanne d'Arc ? Ah, le moyen-âge, moins facile de coller des gros flingues, des putes et des Audi. On sent le Luc un peu coincé aux entournures, pas franchement à l'aise. Mes souvenirs ne sont pas très nets (et ne me demandez pas de m'infliger un deuxième visionnage, même pour cette chronique, ce serait au dessus de mes forces...), mais je crois que quand dieu s'adresse à l'héroïne, j'ai eu envie de vomir. Dustin Hoffman ne serait plus jamais l'acteur qu'il a été après cet accident de carrière. Et puis la musique est d'Eric Serra.
Angel-A ? Pas osé. Pourtant, c'était pas une musique d'Eric Serra.
Arthur et les minimoys ? N'importe qui ayant vu un Pixar (n'importe lequel !), un « géant de fer » ou un « Etrange Noël de monsieur Jack » pourront témoigner du niveau abyssalement nullissime de cet étron : jeu d'acteur, scénario, personnages, inspiration: tout sent le recyclage mal digéré et détestable. Et puis la musique est d'Eric Serra.
N'en jetez plus, Luc a définitivement sa place au panthéon des pires réalisateurs de l'histoire du cinéma. Ce qui fait juste froid dans le dos, c'est que qu'il produit est pire (Taxi, Yamakazi, Transporteurs... la liste est infinie).
Pour contredire un peu ce sombre tableau, il convient de noter un changement dans l'activité Bessonesque récente. Accès soudain de lucidité ? Embauche d'un vrai directeur artistique ? (et si oui, était-ce conscient ?) Toujours est-il qu'EuropaCorp semble produire depuis peu de vrais films (W., Little New York, The Cove ...) et cela est curieux. S'agit-il d'un accident de parcours où d'une réelle nouvelle tendance ? Le mystère est entier et l'affaire est à suivre.