Etat du cinéma français bourgeois, part. 1
Le nouveau film de Laurent Cantet, inspiré de l'affaire Mehdi Meklat est à la fois un film très moyen et très problématique. Très moyen, car il s'empare de cette affaire polémique et passionnante, sans jamais prendre parti (alors que ce qu'on attend d'un cinéaste c'est de s'engager, surtout sur un sujet pareil), et surtout sans rien raconter, postuler, de cette affaire. Le film brille donc par son absence de réflexion. Nous avons donc un écrivain d'origine algérienne qui cartonne et brille de mille feux, tout le monde l'aime, le désire, le courtise, et puis hop, ses tweets haineux, antisémites, racistes, etc., sous pseudonyme ressurgissent, il s'en défend, prétextant qu'il a crée un double maléfique pour montrer la violence des réseaux sociaux - tout comme l'avait fait Meklat -, certains le lâchent, d'autres non, et puis voilà, c'est tout. On est "embarqués" avec le personnage qui est de chaque plan avec sa belle gueule de tombeur, et Cantet semble lui trouver toutes les circonstances atténuantes du monde, sans jamais le condamner donc, mais sans avoir le courage de le défendre non plus. Position de cinéaste faux-cul, difficile d'imaginer pire. Et puis si, pire c'est possible, car la fin du film tend même à dire, via le personnage d'Anne Alvaro d'abord puis surtout via la scène avec son petit frère, que Arthur Rambo était une sorte de guide, et qu'il pouvait aider, donner des repères à une jeunesse en difficulté. Fin de film aussi dangereuse qu'inconséquente, où j'ai l'impression que Cantet ne mesure pas la dangerosité de ses plans. Voilà... Tout ça enrobé dans une forme bourgeoise et fainéante de la mise en scène, sans le moindre effort, et baignant dans des salons luxueux et coupés du monde. Au secours...