Qui se souvient encore de Mehdi Meklat, cet écrivain et journaliste à la mode dans certains médias et dont la chute fut brutale après l'exhumation d'une ribambelle de tweets haineux, écrits durant ses années de jeunesse, comme des chroniques d'une hyène ordinaire ? Laurent Cantet s'inspire de son cas dans Arthur Rambo, un film qui trace aussi bien le portrait d'un homme déchu que celle d'une époque où les tweets cinglants ont remplacé les discours argumentés. On like puis on brûle et on passe à autre chose. Le personnage d'Arthur Rambo est fascinant par ses contradictions, sa propension à surenchérir dans la provocation (avec 200 000 Followers à la clé) puis à tenter de se justifier avant de rentrer la tête dans le sable. La force du film tient à la passionnante introspection personnelle et sociétale qu'il réalise, sans émettre de jugement moral, laissant au spectateur le soin de tirer ses propres conclusions, tout en le laissant s'interroger sur sa propre addiction aux réseaux sociaux. Arthur Rambo a cependant un côté frustrant, de par sa brièveté (1h27) et sa volonté de ne pas élargir le débat, privilégiant son personnage principal dans sa descente aux enfers. Tel quel, le film est évidemment propice à toutes les discussions sur la pseudo modernité de notre monde, où les "penseurs" s'expriment en à peine une centaine de caractères, au même titre que les tribunaux populaires qui les lynchent à l'occasion. Et sinon, il fait quoi maintenant, Mehdi Meklat ?