"L’État ne doit pas exercer de discriminations pour des motifs de religion, de race, de caste, de sexe ou de lieu de naissance. L’usage des puits, réserves, bains publics, routes et l’accès à toute propriété publique ne seront sujets à aucune interdiction, restriction ou condition". Article 15 de la Constitution de l’Inde, 1950.
Un article qui n’a de réalité que sur le papier… L’Inde est un pays fracturé où la discrimination est vécue au quotidien en particulier dans l’Inde profonde. Malheur à vous si vous faites partie des dalits (intouchables) et encore plus si vous être une femme. S’il vous arrive quoi que ce soit, ne comptez pas sur les forces de l’ordre pour établir les faits et rendre la justice.
Article 15 est un excellent policier indien, distribué sur Netflix. Réalisé par Anubhav Sinha, il n’emprunte pas aux codes du Bollywood qui fait fuir tant d’occidentaux. Anubhav Sinha appartient à cette nouvelle génération de réalisateurs indiens qui montrent l’Inde dans sa réalité crue. Ami d’Anurag Kashyap, on se trouve dans la même veine, un cinéma indien qui ne fait pas dans la dentelle.
Cette histoire nous est racontée du point de vue d’un policier venant de New Dehli et découvrant la réalité de l’Inde profonde où l’on peut tuer et violer des adolescentes en toute impunité pour 3 malheureux roupies.
Le jeu des acteurs est tout en sobriété, le rythme bien géré. Les plans sont soignés et nous plongent sans protection dans l’horreur des situations : corps mutilés de jeunes filles pendus à un arbre dans un brouillard laiteux et opaque à l’image du psychisme des protagonistes.
On est invisible à leurs yeux. Bien que leurs vies dépendent de nous. On travaille sur leurs terres, on nettoie leurs ordures. On fait naître leurs bébés, on incinère leurs corps. On ne suppliera plus pour la justice. On a assez supplié.