On a sans doute à percevoir cela de France, mais Takeshi Kitano est un artiste à multiples facettes ; comique sur scène, chroniqueur politique, chanteur, romancier, essayiste, présentateur télé, peintre ... bref, bien loin de l'image du réalisateur (et acteur, sous le nom Beat Takeshi). Il y a même eu des biopics sur sa vie ou sur ses parents, dont ce film-là, Asakusa Kid, qui avait déjà été porté une première fois au début des années 2000.
Là, il n'est point question de cinéma, mais des débuts sur scène de Takeshi Kitano, à l'époque où il se produisait en duo avec son complice Beat Kiyoshi, d'où le surnom qu'il gardera durant toute sa carrière. On voit les galères qu'ils ont à jouer devant un public qui ne les écoute pas, voire les colères de Kitano pour se faire respecter, jusqu'à ce qu'il rencontre son mentor Senzaburo Fukami, à qui il vouera un grand respect.
Asakusa kid fait partie de ces films que j'appelle Covid, car celui-ci a été tourné durant la pandémie, et c'est bien malheureux dans un sens, car on sent que tout a été fait pour respecter les consignes sanitaires. Très bien, mais sur l'écran, ça donne quelque chose de pauvre, avec quelques figurants qu'on sent bien tous éloignés les uns des autres, rares sont les plans où il y a du monde, sans oublier les quartiers de Tokyo tous déserts... Cela joue aussi sur le cachet pauvre de cette production, où on sent à peine que c'est dans les années 1970, et surtout, les acteurs incarnant Beat Takeshi et Kiyoshi sont très mauvais, le premier imitant avec beaucoup de gêne les tics faciaux de l'acteur.
Cela dit, tout n'est pas à jeter, car on apprend beaucoup de choses méconnues du début de carrière de Kitano, dont le succès empiétant sur celui de son mentor va le peser, mais c'est surtout qu'il apparait lui-même à l'écran. Au début et à la fin, dans deux scènes réussies ; la première, où il entre sur scène juste avant de faire des claquettes avant le lever de rideau. Et la seconde, qui est un très beau plan-séquence où Kitano, à l'âge qu'il a aujourd'hui, revient à la scène de ses débuts, et revoie sur le chemin ses souvenirs se matérialiser devant lui jusqu'à ce qu'il rencontre son mentor, aujourd'hui décédé, un bel hommage.
Mais à part ça, c'est dommage que le film n'ait pas cette même émotion pour donner au final quelque chose de très ennuyeux.