Ce film est tout juste génial.
J'ai de la chance en ce moment, je regarde peu de film mais ils sont tous aussi bien les uns que les autres. Ascenseur pour l'échafaud est un film brillant : bien construit et écrit, avec une photographie et une bande son merveilleuse, très juste et très puissant. Sérieusement, c'est difficile de dire quoi que ce soit de concret ; après avoir vu un tel chef-d'oeuvre, il faut respirer un peu.
J'ai adoré le montage parallèle, qui nous laisse imaginer différentes issues possibles tout en nous berçant avec une esthétique assez captivante. Il y a suffisamment de durée pour qu'on se laisse happer par les séquences mais le rythme est en même temps assez soutenu pour qu'on arrive à sentir la tension de cette nuit de drame. On perçoit tout aussi bien le trouble de la femme que celui des deux jeunes amants et de Julien Tavernier. Tout à chacun connait une tourmente différentes, non pas par son intensité mais par son sujet. La narration nous fait connaître autant la douleur de l'abandon que la frustration d'une voie qui semble sans issue et la presque euphorie qui mène au drame. L'intrigue ne cesse de se débouler pour nous offrir une histoire très riche.
Les séquences dans l'ascenseur m'ont été très douce, elles ont un goût de début de la fin. Elles sont par ailleurs admirablement bien tourner.
Par ailleurs, c'est peut être un peu bête, mais j'ai beaucoup aimé le fait que ce soit un appareil photo qui permette la résolution : c'est la réunification de ses trajectoires et aussi quelque chose qui me semble un peu métaphorique. C'est comme s'il fallait mettre le film sur pause (et donc figer une photo) pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Le film apparait finalement comme une synthèse de son début et de sa fin puisqu'il réunit ces photographie à l'audio, c'est à dire au coup de fil du début. C'est sans doute un peu niais, mais ça me plait d'imaginer que le film soit penser ainsi, c'est par lui qu'on réunit tous les éléments pour construire l'histoire.
Enfin, une autre de mes lubies sans doute, j'aime bien la remarque méta du procureur qui compare l'enquête, et par là même l'intrigue du film, à une tragédie racinienne. C'est au centre de l'histoire comme pour nous dire «pas d'inquiétude, ici rien n'est laissé au hasard» et effectivement, tout est précisément maitrisé.
Bref, j'ai adoré !