Difficile à noter, difficile à commenter. (dispo sur Arte jusqu'au 31 octobre)
J'ai mis 8 mais ça aurait aussi bien pu être 7 ou 9 ou 10. En fait c'est très inégal comme film documentaire. Il y a le côté voyeurisme qui laisse un peu pensif, qui est plus fort face aux images d'une famille authentique, que l'on voit ici en ombre sur la pellicule, que lorsqu'on lit les auto-fiction d'Annie Ernaux. Je ne sais pas, il y a quelque chose qui peut mettre mal à l'aise, à certains moments. Puis en même temps il y a des plans qui nous font oublié que ce que l'on voit, c'est l'intimité d'une famille (en partie décomposée certes).
Évidemment, les commentaires sont extrêmement bien écrits. Quoi que peut être un peu inégaux eux aussi, c'est difficile à dire encore une fois. Ce n'est pas surfait, pas trop écrit. Parfois simplement informatif, comme lorsque l'autrice-voix off déroule le programme d'Allende (pour moi, c'était les larmes assurées).
Les images aussi ont cette dimension un peu inégale. Certaines sont saisissantes, presque incroyable : les paysages d'URSS, les plage de l'Albanie maoïste, une auvergne qui semblent appartenir à un autre temps, même les toutes premières (on y voit si bien que la caméra est un intru). Puis d'autre, qui demande de suspendre le jugement avec un force assez extrême : qui suis-je pour regarder les films personnels de cette famille qui n'est pas la mienne ? Ça, par moment, extrêmement perturbant.
En tout cas, il se joue ici des choses très intéressante ici. Ça ancre en quelque sorte toutes les thématiques des écrits d'Ernaux dans un réel qui a été le sien : transfuge de classe (peu sensible à l'image, à part peut être les rares fois où la mère apparait), politique, ce que c'est que d'être une femme. Évidemment, c'est aussi le témoignage d'une époque qui, avec le filtre de la Super-8, semble peut être d'autant plus lointaine. Des objets, des endroits, que l'on a pas connu et qui n'existent plus (des pays entiers parfois), des modes aussi. C'est assez curieux. Je pense que c'est aussi l'effet film familial, qui fait qu'on accorde de la durée a des choses probablement assez insignifiante, sur lesquelles le "vrai cinéma" ne prendrait son temps que dans une démarche esthétique bien orchestré. Ici, elles sont choisies plus aléatoirement, plus sentimentalement. C'est peut être ça aussi qui est parlant.
En tout cas, c'est extrêmement touchant.