Ah Lee et Ah Mike sont deux agents de la police de Hong-Kong. L’un est plus bourru et fonceur, l’autre fait plus dans la délicatesse et la diplomatie. Suite à une opération anti-drogue concernant un revendeur taïwanais qui tourne mal, ils perdent 5000000 dollars et un agent infiltré. Ils sont alors envoyés à Taïwan pour transmettre leurs informations et se faire oublier. Ni notre duo ni la police locale ne veulent coopérer. Mais ils vont devoir le faire quand ils découvrent un trafic de très grande ampleur et que Mike pour survivre doit se faire passer pour un revendeur.
Le polar hongkongais a eu son heure de gloire dans les années 1980-1990, avec des cinéastes tels que John Woo. Des représentants généralement violents, froids et esthétisés. Si la pègre occupe une grande partie du film et est sa menace principale, le film opère plutôt pour une représentation plus légère, à la réalisation classique mais propre.
Les quelques scènes d’action sont ainsi assez conventionnelles, l’amateur d’action en serait frustré. Ce qui distingue le film, c’est son humour, ou plutôt sa décontraction, infusée au sein de ses personnages. Les trafiquants de drogue ont beau être redoutables, le film n’est ni pesant sur la méchanceté de ses vilains ni glorifiant, en en faisant des êtres complexes aux ambitions contrariées.
Asian Connection est divertissant, et il le doit à son duo. Il est souvent qualifié de buddy movie, mais l’un et l’autre passent la moitié du film séparés. Ce double angle sur la même affaire, entre le flic infiltré malgré lui et l’autre tentant de l’aider de l’extérieur, distingue aussi le film. Mike et Lee communiquent comme ils le peuvent, et chacun fait avancer l’enquête à sa manière, le plus souvent en prenant les risques nécessaires.
Loin d’être prévisible, le film ne manque d’ailleurs pas d’ingéniosité. Le duo est malin et ils font preuve de beaucoup d’astuces pour se dépêtrer de tous les ennuis qu’ils vont rencontrer. Les quelques scènes d’action sont là pour atteindre le quota, mais le duo pourrait tout à fait déjouer tout ce trafic rien qu’avec leurs ruses et une bonne dose de débrouillardise spontanée.
Assez méconnu (une poignée de notes sur IMDB et ici-même), les quelques critiques ont cru voir en lui « L’Arme fatale version Hong-Kong », c’est même comme ça qu’il a été vendu chez nous. Le côté buddy movie n’est pas si flagrant, l’humour n’est pas forcé et l’action assez discrète. La comparaison serait trompeuse. Mais Asian Connection est pourtant un très honnête divertissement, qui ne résout pas tous ses problèmes par la violence et ne manque pas d’un certain esprit. Michael Chow Man-Kin, badine avec plaisir, tandis que Danny Lee est à la traîne, peut-être fatigué de jouer le même rôle de flic depuis 10 ans, mais toujours convaincant. C’est léger, sans trop de prétentions et pourtant sacrément entraînant.