Il faudrait créer une sous-catégorie spéciale de chanbaras pour ceux qui placent leur récit dans un cadre historique extrêmement touffu, difficile d'accès, pétris de conflits voilés et de complots obscurs qui ne font que complexifier la narration déjà particulièrement gourmande en dialogues épais. Un autre film japonais sorti la même année m'avait fait récemment le même effet : "Le Grand Attentat", de Eiichi Kudō, depuis corrigé en un certain sens par "Les Onze Guerriers du devoir", plus lisible et digeste. Car précisément, digeste, ce "Assassinat" ne l'est que très modérément, et de manière épisodique seulement.
Tout juste ai-je eu l'occasion de comprendre que dans le cadre retenu, en 1853, la période politique était très instable avec d'un côté l'empereur et de l'autre le shogunat. Les remous existants se trouvent grandement amplifiés par l'arrivée d'un navire de guerre américain dans la baie d'Edo : la tension monte d'un cran entre les samouraïs impériaux et l'autorité du shogun. Sur fond de xénophobie, le pouvoir en place gracie le ronin Hachirō Kiyokawa (un personnage historique ayant réellement existé), accusé de meurtre, pour mieux le conduire à déstabiliser ses adversaires et mener une troupe contre la révolte de ses pairs en cours. Mais le protagoniste, interprété par le charismatique Tetsurō Tamba, ne se contentera pas d'une bête obéissance.
Le souci dans cette trame narrative extrêmement riche, ce sont ces multiples flashbacks qui arrivent sans prévenir et se terminent sans rupture particulière. Ils éclairent la personnalité du personnage, d'un côté, mais d'une autre ils rajoutent une couche de complexité dans le récit. J'avoue avoir été paumé plus d'une fois dans les temporalités. Masahiro Shinoda est en tous cas un réalisateur attaché à la forme, avec beaucoup de dispositifs réussis, des éclairages magnifiques en clair-obscur, des arrêts sur image frappants, une vue subjective étonnante sur la fin, et surtout cette violence qui surgit enfin après 1 heures de discussions. Et ça tranche. Tetsurō Tamba se voit dans sa démarche confronté à Isao Kimura, créant une dynamique d'alliances pas toujours évidentes à cerner. Le chaos de cette période est certes palpable, entre les deux pôles formés autour de l'empereur et du shogun, mais la confusion traverse clairement l'écran.