Très partagé. Le deuxième film de Sam Levinson, fils de Barry Levinson (réalisateur de Good Morning, Vietnam et Rain Man), également scénariste, a de sérieux atouts. Sa caméra pour commencer, Marcell Rév en directeur de la photographie - White God et surtout la Lune de Jupiter - fait des merveilles, si en plus on conjugue ça à une esthétique "clipesque" assumée, on aboutit à une inventivité formelle qui fait souvent mouche. Une scène de rupture qui joue avec une voix off ou un plan séquence de home-invasion vu de l'extérieur d'une maison dilatant la scène à travers cinq ou six points de vue se posent là, d'autant que le film a un budget plutôt modeste pour les USA. Chapeau.
Mais à côté, bon, ça a beau être joli à regarder, ça sonne creux.
De ses quatre héroïnes, une seule va vraiment être développée (Odessa Young), deux éventuellement avec sa copine transgenre (Hari Nef), dans cette ville de Salem qui va vivre une nouvelle chasse aux sorcières. Oui, ce film est fin comme un sandwich beurre-pâté. Un hacker va rendre public les données personnelles de tout le monde et dans le chaos qui s'ensuivra, nos bons citoyens un brin réacs vont s'en prendre un peu gratuitement à nos héroïnes en pompant allègrement sur Américan Nightmare (grosse référence). Nos bimbos pas bêtes pour autant savent répliquer mais ces protagonistes ne sont pas assez travaillés que pour s'extirper de l'oubliable. Son propos féministe se dégonfle comme dans Revenge ou The Bad Batch avec lequel il partage beaucoup de points communs, il est là mais le récit n'en fait pas grand-chose.
Bref, un énième film faussement impertinent prêchant d'un côté la tolérance mais qui de l'autre côté affirme que le seul moyen de résoudre une situation violente est de l'attaquer frontalement avec encore plus de violence. S'il dit avec beaucoup d'idées visuelles ce qu'il a à dire, dommage que son message tienne sur un timbre-poste et qu'il soit étalé sur 2h.