Assassination Nation est un film indiscutablement prometteur, ambitieux et parfois même doué d'intelligence : sur près d'une heure de métrage Sam Levinson expose une démonstration théorique pleinement contemporaine des méfaits du Tout-Instagram, montrant une jeunesse ultra-sexuée se livrant à tous les excès possibles et imaginables ; allant de paire avec son sujet la forme empruntée par le réalisateur n'hésite pas à racoler vers les plus bas instincts du spectateur, mettant logiquement sur la sellette l'hypocrisie et le puritanisme de la société américaine qu'il condamne tout du long...
Hélas s'il affiche dans un premier temps sa volonté de réaliser un film à thèse clairement définie et cohérente Sam Levinson dérape par la suite vers une seconde partie de métrage totalement amphigourique, à la fois aucunement plausible, brouillonne et étrangement indépendante de la première heure : sorte de mise en pratique des dangers proférés au préalable ce second tronçon filmique n'en finit pas d'afficher une certaine emphase proche du ridicule, transformant cet Assassination Nation en un curieux et déconcertant vigilante féministe pour le moins bancal.
Si d'emblée Sam Levinson déploie une formidable capacité à impressionner son audience en la plaçant face à ses propres contradictions morales ( l'immondicité sexuelle rendue mondialement publique et sans transparence, le voyeurisme de tout un chacun, le lynchage collectif des anciens exécuté par une jeunesse échaudée par les réseaux sociaux...) il perd en crédibilité à force d'éparpillements en tous genres. En courant trois lièvres à la fois - conspirationnisme du Net, opposition des forces de l'ordre et des justicières LGBT, plus-value d'hémoglobine pour faire genre - le réalisateur ne parvient pas à maîtriser son sujet de base. Assassination Nation reste en fin de compte une assez grosse déception, trop appuyée dans ses intentions et même un poil mégalo : dommage.