Requiem for a team.
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le 1 oct. 2015
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John Carpenter reprend une toute petite séquence de Rio Bravo de Howard Hawks. Il remplace la ville de l'Ouest par la banlieue du 13ème arrondissement de LA, la prison minuscule par un commissariat de quartier, les hommes du clan Burdette par un commando de racailles et le shériff John T Chance se retrouve d'une façon insolite déplacé au montage du film (Carpenter y figure sous ce nom). Le film s'annonce génial dès le générique par son introduction musicale au synthétiseur devenue culte, composée par John Carpenter lui-même, et reprise par la suite, notamment par les punks de The Exploited. Je m'attendais voyant cette intro à un mélange jubilatoire de western et de film d'horreur, mais par manque de moyens financiers, de temps, une vingt jours de tournage, et d'acteurs marquants, le film m'a plutôt déçu. A moins que Carpenter n'ait voulu faire un film à thèse en schématisant événements et personnages. Les personnages charismatiques de Rio Bravo incarnés par des acteurs iconiques comme John Wayne n'ont pas été remplacés, seule émerge à la rigueur Laurie Zimmer dans le rôle de Leigh. La lutte des personnages autant pour la justice que pour leur propre dignité fait place à un combat de gens ordinaires, flics ou détenus, qui essaient simplement de sauver leur peau. A cause du manque d' argent les rues sont désertiques comme si le réchauffement climatique avait déjà commencé. Pour la même raison les membres du gang semblent avoir été recrutés sur place, leur T-shirt Che Guevarra en témoigne. Carpenter n'a visiblement pas voulu perdre de temps à leur expliquer leurs motivations d'où leur comportement irrationnel, il avait perdu suffisamment de temps auparavant à filmer longuement un marchand de glace. Mais Big John a sans doute eu ses raisons de tailler dans le lard et de faire des choix formels radicaux. Le gang en devient une allégorie de la volonté de puissance théorisée par Nietzsche, vue dans sa plus simple expression, celle de la tribu en guerre. En résumé on subit une ébauche de 1H30 comme cadre à une métaphore.
Il reste cependant un moment mémorable. La mort plein cadre de la petite fille venue acheter des glaces. Suite à ça le spectateur, révolté, abasourdi, perdra tout sens critique et subira passivement tout le reste. Pour le siège du commissariat, pas d'assaut à proprement parler. Les vitres éclatent, les murs se trouent, mais aucun coup de feu ne résonne. Conséquence les forces de l'ordre ne voient et n'entendent rien. Big John a voulu donner l'impression d'un « mal » silencieux à l'état brut, une motif qui sera repris ensuite dans la plupart de ses films.
D'une manière assez inattendue compte tenu du budget, Assaut est devenu un film culte. C'est probablement parce que la violence dans le film fait écho à la violence toujours plus présente dans nos sociétés occidentales et que, grâce au peu de moyens du film, elle apparaît telle qu'elle est vraiment dans son absurdité, sa banalité et son omniprésence.
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Créée
le 5 juin 2024
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