Uwe Boll aime les mass murderers, et voici qu’il conclut sa trilogie du genre avec ce Assault on Wall Street. Il avait commencé avec Amoklauf, où un serveur lassé par sa vie décidait de lâcher sur son prochain une rage longtemps intériorisée. Rampage quant à lui mettait en place un teen qui, usant d’un habile plan avec une porte de sortie décidait de massacrer à tout va les habitants d’une petite bourgade. Deux premières bobines dont le fond était plus ou moins social, la seconde tirant plus sur la cupidité, qui est également, et principalement, le nerf central de cette nouvelle réalisation du réalisateur le plus — injustement — détesté au monde.
Pas vraiment de changements niveau casting, si ce n’est l’arrivée de Dominic Purcell, qui en plus de tenir le rôle principal ici sera à l’affiche de presque toutes les prochaines bobines de Boll (King Rising 3, Suddenly), et pour le reste nous avons toujours le droit aux têtes habituelles, Edward Furlong, Keith David, Michael Paré, Lochlyn Munro et le roi du nanar, Clint Howard.
Techniquement parlant Assault on Wall Street n’a rien de particulièrement révolutionnaire, ça sent le direct-to-video, mais néanmoins ça reste propre, maîtrisé, à l’inverse de King Rising 2 qui était immonde. Notons que pour une fois Uwe Boll a laissé tombé son tic « shaky cam » qui se montrait particulièrement éprouvant et gâchait la lisibilité de la plupart des scènes d’action dans ses films. Il semble donc avoir appris de ses erreurs, mais attendons néanmoins de voir ses prochaines réalisations avant de crier victoire (et au vu du trailer de King Rising 3 on espère en revanche qu’il l’utilisera, le produit s’annonçant très mauvais).
Venons-en à la narration elle-même, car c’est le plus important ici. Uwe prend soin de poser ses personnages, le couple principal dont la femme est gravement malade, le courtier qui a des dents trop blanches pour paraitre honnête, l’avocat qui fait tourner le malheureux en bourrique, et les acteurs principaux de la tour où le personnage de Dominic Purcell, Jim, avait placé ses économies, tranquillement en train de se remplir les poches, en pleine crise, tandis que les pauvres malheureux qui leur avaient confié leur argent se retrouvent le bec dans l’eau.
Pas trop larmoyant, même si ça sonne un peu façon loi de Murphy (mais pas tant que ça, des personnes ayant connu ce genre de spirale sans fin), Jim se contient jusqu’à ce qu’il n’ait absolument plus rien à perdre et décide de prendre les devants, gravissant le Golgotha afin d’exécuter un par un ceux, qui selon lui, le méritent, devenant la main gauche de Dieu venue punir lors du Jugement Dernier ceux qui ont mis fin à une civilisation arrivée à son déclin. D’évidents symboles religieux que n’aurait pas renié Richard Kelly avec son Southland Tales, bien que tout ceci reste sujet à interprétation, évidemment.
La question principale reste ici d’ordre moral, et l’on se retrouve à s’interroger sur la légitimité des actes vengeurs, instants que connaissent les super-héros qui s’auto-attribuent le rôle de juge-juré-bourreau, passage inévitable dans la plupart des comics. Uwe dit haut et fort et met en image ce que beaucoup ont pensé, et c’est aussi là que le cinéma trouve tout son intérêt, fournir un exutoire afin de ne pas commettre l’irréparable, tout comme l’a fait il y a peu Bobcat Goldthwait avec son God Bless America.
Malgré quelques faiblesses de mise en scène, celle-ci étant un peu molle durant la plus grande partie du film, l’oeuvre se conclut avec une scène de massacre maîtrisée, lisible, quoiqu’un peu courte pour ceux qui s’attendaient à quelque chose dans la veine de Rampage, avec néanmoins un final assez étonnant et inattendu, tout comme dans la bobine précédemment citée.
Du grand Uwe Boll, qui nous prouve une nouvelle fois que lorsqu’il n’adapte pas des jeux-vidéo au cinéma il est capable de nous servir quelque chose de censé et sincère.