Derrière ses faux airs de série B sans grande ambition ni moyens, ce film est un diamant brut que (seuls) les cinéphiles attentifs et avertis sauront apprécier à sa juste valeur.

Pitch :
"Un convoyeur de fonds du Queen's voit sa vie basculer suite à la crise financière qui dévore ses modestes économies, tandis que de l'autre côté de la rivière, sur l'île de Manhattan, la pourriture sans scrupules des banquiers, avocats et autres traders resserre ses mâchoires autour de la classe ouvrière sacrifiée sur l'autel du capitalisme sauvage."

Si Ken Loach avait signé le même script autour de la City, nul doute qu'on aurait aussitôt hurlé au génie.
Si l'on remplace les banquiers par des maquereaux et le convoyeur de fonds par un chauffeur de taxi poussé à bout par la violence d'un monde qui s'écroule, il devient impossible de ne pas considérer cette tragédie sociale comme un hommage au "Taxi Driver" de Scorsese. Ce ne sont d'ailleurs pas les clins d'oeil qui manquent, mais laissons-là ce détail.

On pourra toujours argumenter sur l'apparente simplicité d'une mise en scène et d'un montage à l'efficacité redoutable, cet "Assault on Wall Street" n'en demeure pas moins une véritable grenade offensive lancée à la face de la société du billet vert.
Porté par un casting sans tâches et une construction dramatique d'une rare justesse, ce "petit film" réussit, là où tant d'autres échouent, à nous faire pénétrer dans l'inexorable détresse d'un personnage broyé par une succession de drames intimes traités avec une rare pudeur.

Avec retenue, sans moraline ni grosses ficelles, ce bijou nous entraîne dans le tourbillon d'une descente aux enfers ordinaire rythmée par l'injustice et la révolte de classe qui gronde (presque) en chacun de nous.

Il y aurait tant à montrer et démontrer pour défendre cette oeuvre très mal jugée qu'on gâcherait facilement le plaisir de s'y laisser prendre.

Ce réalisateur (que je ne connaissais pas) semble pâtir d'une réputation de médiocrité qui en aura aveuglé plus d'un(e) au moment de rédiger des avis peu flatteurs.
J'ai lu que ce film aurait pu "aller plus loin", et j'avoue que je m'interroge encore sur la destination qu'il aurait pu choisir...

Sans toutefois aller jusqu'à l'effet coup de poing d'un " Edmond", je ne retiens de cet assaut qu'une sensation de narration parfaitement maîtrisée, servie par un premier rôle (Dominic Purcell) confondant d'humanité et de tendresse.

Lorsqu'un scénario aussi simple qu' efficace se conjugue à une mise en scène qui sonne juste, à un dialogue sans fioritures, à un casting solide, à une progression dramatique toujours croissante menant à un twist final dont pas mal feraient bien de s'inspirer, je me fiche pas mal de savoir qui l'a fait, comment s'appellent les acteurs et combien le film a coûté ; je me laisse emporter et j'en redemande.
Winslow_Leach
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le 16 févr. 2015

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Winslow_Leach

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