2016, l'indéboulonnable Michael Bay avec “13 hours”, entraînait le spectateur dans les ruines de Benghazi (Libye), dans ce qui ressemblait à un “Fort Alamo” moderne aussi violent et frontal que manichéen. Tiré de faits réels ayant eu lieu en 2012, le film voyait l’assaut d’une antenne secrète de la C.I.A. par une armée de rebelles. Ceux-ci mouraient par centaines sous les balles de six “Black Eagles” - une armée privée - engagés en sous-mains par le gouvernement. N’ayant que faire de l’ingérence américaine, brandit avec fierté de bout en bout du long-métrage, Michael “Armaggedon” Bay en profitait bien entendu pour déployer la bannière étoilée à tout vent ! Quatre ans plus tard, à la lecture du synopsis de "The Outpost” - “Assiégés” en France - de Rod Lurie, une impression de déjà-vu refaisait surface. Imaginez, un avant-poste américain aux confins de l’Afghanistan, pris d’assaut par des centaines de Talibans et le tout tiré d’une histoire vraie, il y a de quoi porter le patriotisme étasunien au firmament. Pas tout à fait ! Situé dans une cuvette, à découvert de toutes parts, encerclé d’immenses montagnes qui sont autant de pièges, l’avant-poste est surnommé par les soldats, “Camp Custer” en rapport à la déculotté de la bataille de Little Bighorn en 1876, de quoi calmer les ardeurs yankees. Il n’en faut pas plus à Rod Lurie (“The Last Castle”) pour fustiger les stratèges de l'État-major. “The Outpost” se pose d’emblée en production dénonciatrice comme “La charge de la brigade légère”, “Gallipoli”, ou encore “Un pont trop loin”. Mais qu' importe l’emplacement, les 53 hommes du camp sont là pour une mission et une seule, celle de pacifier la région. Une tâche ardue, pour les hommes du Capitaine Keating (Orlando Bloom), car comme le rappelle un protagoniste, les Britanniques et les Soviétiques ont essayé, mais n'ont jamais réussi. Tourné à la manière d’un documentaire d'immersion totale, “Outpost”, son cadrage serré et son grain d'image font la part belle aux soldats américains de l’ISAF (International Security Assistance Force) dans leur difficile quotidien qu’ils partagent avec les militaires de la jeune armée afghane. Au casting, les excellents Scott Eastwood et Caleb Landry Jones apportent leur charisme à une distribution de gueules. Sans cesse pris pour cible, les soldats sont taraudés entre leur devoir et un sentiment d’impuissance. L’étau taliban se resserrant inexorablement sur la région, Rod Lurie jettera, dans une dernière partie toute en fureur, le campement en pâture aux Moudjahidines, dans un final apocalyptique digne des meilleurs films de guerre.