"Assurance sur la mort" est d'abord une sulfureuse nouvelle de James Cain, auteur du "Facteur sonne toujours deux fois". Pour l'adaptation, Billy Wilder alors à ses débuts, se rabattit sur Raymond Chandler, rival de Cain parce que ce dernier était indisponible. Le scénario est pourtant très convenu, mais contrairement au "Facteur sonne toujours deux fois" où les amants étaient liés par une passion charnelle, ici les personnages tuent de sang froid, comme on se débarrasse d'objets encombrants.
Premier film noir de Billy Wilder avant qu'il n'aborde la comédie, c'est déjà une réussite. Rien d'étonnant à ce que ce film soit devenu un chef d'oeuvre du film noir. A partir d'une intrigue implacable, la virtuosité de la caméra de Wilder, avec sa photo contrastée, sa narration en flashback dramatisé, et la prestation de Barbara Stanwick ont contribué à sa juste réussite. Le réalisateur fait du spectateur le témoin des ruses du couple de personnages qui se haïssent en s'étreignant puis qui s'adorent en s'entretuant. Celui de Stanwick reste dans toute mémoire de cinéphile amoureux du genre, elle est une garce éblouissante jusqu'au bout de la cheville barrée d'une gourmette perverse, elle est la femme fatale dans toute sa splendeur, qui respire l'intelligence, qualité dont ce genre de femme est généralement dépourvue.
Dommage qu'en face de Stanwick, Wilder n'ait pas choisi un acteur plus viril et plus tranchant, de la trempe de Dana Andrews ou William Holden plutôt que Fred McMurray, acteur de comédies familiales qui est trop sûr de lui pour ne pas être vulnérable. Mais le film reste quand même inoubliable pour sa peinture d'un couple criminel. Un très grand film à voir dans toute vie de cinéphile.