La principale raison pour laquelle je voulais voir ce film, c’est parce qu'il est considéré comme l'un des joyaux du film noir américain des années 40 et même défini par Woody Allen comme "le plus grand film jamais tourné". L'autre raison c'est Billy Wilder, réalisateur entre autres de Certains l'aiment chaud, Le Boulevard du crépuscule, La Garçonnière, Sabrina ... une filmographie qui n'a pas d'équivalence, avec des tonnes de films qui trustent les classements des films préférés de tous les cinéphiles.
Une femme intrigante Phyllis (Barbara Stanwyck) attire un vendeur d’assurance Walter (Fred MacMurray) pour l'aider à assassiner son mari et ensuite faire passer le crime pour un accident. Tous deux concoctent alors un stratagème tordu pour percevoir les prestations de la police d’assurance. Le patron de l’enquêteur Keyes (Edward G. Robinson), ne sachant pas que son collègue y est impliqué, soupçonne un meurtre et entreprend de le prouver.
Assurance sur la mort c'est un donc un film noir qui respecte tous les codes du genres, la femme fatale, le détective (ou un pseudo détective), le flashback, la voix off, le noir & blanc ... Normal me direz-vous, puisque la plupart des codes du genre, c'est Assurance sur la mort qui les a installés (avec Le Faucon Maltais de John Huston). Il faut bien se rappeler que l'emploi de personnages devenus ensuite des stéréotypes du genre, comme la femme fatale qui utilise ses charmes pour séduire et piéger un détective, est ici du jamais vu pour l'époque.
Film noir tordu sur le meurtre, Assurance sur la mort joue sur les relations troublées, la trahison, les sombres secrets et des dialogue ciselés (y compris un dialogue inoubliable qui conclut le film). Ce thriller policier suit de près le roman de James M Cain, d'où cette mécanique bien huilée de l'intrigue (le genre film noir étant directement issu du roman noir). La réalisation de Billy Wilder n'est pas en reste, s'appuyant sur un scénario dense et original, il installe une atmosphère envoûtante et sait ménager le suspense. C’est pourquoi la folie et le meurtre ressortent d'autant mieux du récit. Fred MacMurray est très bon en tant que vendeur d’assurance séduisant, mais à la part sombre. Quant à Edward G Robinson qui joue son supérieur hiérarchique, il est extraordinaire et toujours aussi cool. Il joue le rôle de l’enquêteur astucieux et têtu, ses scènes avec Fred MacMurray sont d'ailleurs les meilleures du film.
Mais voilà, je n'ai pas été séduit par Barbara Stanwyck et pour un film noir, ne pas être séduit par la femme fatale, c'est embêtant. Et pourtant sa performance est excellente (bien retorse comme il faut), mais je ne suis pas du tout sensible à sa beauté (pas bien aidée par le port d'une perruque ridicule, il est vrai). Je suis beaucoup plus sensible aux charmes de Lauren Bacall dans Le Grand Sommeil, de Rita Hayworth dans la Dame de Shangaï et surtout de Gene Tierney dans Laura. De plus, je n'ai pas cru en la romance naissante entre Walter et Phyllis, ça va trop vite et je ne ressens aucune alchimie entre les deux acteurs. Seul Edward G. Robinson tire vraiment son épingle du jeu dans le rôle de Keyes, détective cynique et méticuleux. Bien que les rouages de l'enquête soient implacables, au final l'intrigue n'est pas assez percutante. Les dialogues sont merveilleusement bien écrits certes, mais il y a vraiment trop de dialogues explicatifs qui me font sortir du film.
Bref, que ce soit sur le fond ou la forme, il y a peu de choses à reprocher au film. L'intrigue est aussi implacable que dense et singulière et les répliques fusent sans aucun temps morts. Pour ce qui est de la forme, on retrouve tous les éléments représentatifs du film noir, le jeu des lumières (ombres, reflets ...) et des cadres (choix des angles, plongées ...), en passant par la voix-off et les personnages typiques du genre. Mais voilà, pour je ne sais quelle raison (même si j'ai essayé de les pointer), je n'ai pas été totalement séduit par ce film.