Si on devait remonter à la source, ou tout du moins à l’une des principales résurgences du film noir, nul doute que l'on atterrirait sur Assurance sur la mort. On est également sur une sacrée bascule dans la carrière de Billy Wilder, juste avant que le cinéaste ne retourne Hollywood avec son Boulevard du Crépuscule et bien avant le fameux soulevé de robe de Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion et son Poupoupidou de Certains l’aiment chaud. En 44, Billy Wilder convoque l'écrivain et spécialiste des romans noirs, Raymond Chandler, pour bosser sur l'adaptation d'un polar de James Cain. Derrière, la révolution est en marche, le film nous embarque d’entrée de jeu avec sa voix off, les répliques sont finement ciselées, l’ambiance est diablement crépusculaire et Barbara Stanwyck nous gratifie de l’une des plus belles apparitions de l’histoire du cinéma. Plutôt habituée aux rôles glamours, Barbara affiche en coulisses quelques réticences à enfiler le costume sombre de l'impitoyable Phyllis. Hésitation fort compréhensible, tant son personnage est démoniaque, glaçant, envoûtant comme un Dahlia Noir. Le film déploie alors son intrigue parfaitement huilée, dévoile ses personnages complexes aux relations étonnantes, entre amour, amitié, affection et suspicion jusqu’au final d’une merveilleuse mélancolie et l'agréable sensation d’avoir assisté à un sacré moment de cinéma.