C'est confirmé : Astérix n'est vraiment pas fait pour le cinéma.
Astérix aux Jeux Olympiques n’avait-il pas suffi aux producteurs et aux spectateurs pour qu’ils comprennent qu’Astérix n’était pas fait pour être adapté en film ? Bon d’accord, il y a eu Mission : Cléopâtre, mais ce n’est pas une raison ! La moindre des choses est qu’une adaptation soit fidèle à l’œuvre d’origine, ce qu’aucun des trois films n’a réussi pour le moment. Heureusement, l’univers de Goscinny est peut-être sauf avec ce quatrième opus, dirigé par Laurent Tirard qui a su tiré du Petit Nicolas un film plutôt sympathique. Est-ce la même chose avec cet Astérix ?
Alors que Jules César s’attaque à un village breton, Jolitorax, servant défenseur de Sa Majesté, se rend en Gaule demander de l’aide à Astérix et Obélix, entichés d’un jeune lutécien, pour qu’il l’accompagne jusqu’à son village avec un tonneau de potion magique.
Pour la première fois depuis Mission : Cléopâtre (Astérix et Obélix contre César n’étant basé sur aucune des bandes dessinées existantes), Au service de Sa Majesté est le premier film de la saga inspiré de deux albums. A savoir Astérix chez les Bretons et Astérix et les Normands. Ce dernier a été ajouté à la trame principal des Bretons juste histoire de rallonger l’aventure, tant les Normands et leur quête de la peur semblent dispensables. Mais passons ! En regardant bien le film, ceux qui connaissent la bande dessiné se rendront compte que Laurent Tirard et son équipe ont voulu rester fidèles à la bd, reprenant la plupart des situations et répliques issues de l’univers d’Astérix. Un bon geste, cependant gâché par l’inévitable passage à l’humour « moderne » qui dénature complètement l’œuvre de Goscinny et d’Uderzo, une fois de plus… Après le fameux « face de pet » du troisième opus, nous avons droit à un « s’engueulent » de la part d’Astérix. Notre cher Gaulois qui se met à draguer. Un homme à poil. Des soupçons d’homosexualité. Et pour se rendre compte au final que tout cela n’est pas aidé par la prétendue fidélité citée au-dessus. Si l’humour sur l’accent, les répliques bretonnes ou encore les situations marchaient dans le dessin animé, en film live, cela se vautre totalement. S’il est possible de sourire de temps en temps (c’est déjà bien mieux qu’Astérix aux Jeux Olympiques), le comique d’Au service de Sa Majesté ne décolle jamais. Tout comme le film d’ailleurs, qui reste bien trop sage malgré un déploiement de personnages haut en couleur.
Mais ce qui gâche ce quatrième opus, c’est tout ce qui concerne la partie « tournage » du film. A commencer par cette bande son rock’n roll qui ne va guère à l’univers d’Astérix. Et puis, tout ce qui est visuel dans ce film sonne faux. Je veux bien entendu parler des effets numériques loupés, des décors et accessoires en carton de pâte, des costumes bien trop excentriques… Et surtout du manque d’imagination du film à reprendre (en référence, certes, mais quand même !) certains plan d’autres films (les Bretons repoussant les Romains du haut d’une falaise tels les Spartiates dans 300, le coup de foudre entre Obélix et Miss Macintosh comme De Funès et Gensac dans Le gendarme se marie…). Et même, le village breton n’est pas sans rappelé la Comté dans Le Seigneur des Anneaux, avec ses huttes imbriquées dans les collines, c’est pour dire ! Si l’humour repris de la bd ne fonctionne pas, c’est peut-être bien à cause de ce manque de crédibilité visuel. Au service de Sa Majesté devenant sur le coup une adaptation à la fois tape-à-l’œil et « bloquée », comme dirait un certain Goudurix.
Cependant, il faut reconnaître à ce quatrième opus la bonne qualité de sa distribution. Astérix aux Jeux Olympiques n’était qu’un défilé de stars. Ici, c’est plutôt une brochette d’acteurs connus qui semblent s’amuser (même s’il est blasphématoire de voir Fabrice Luchini en César). Non, il est surprenant de voir Edouard Baer être un Astérix potable comparé à Christian Clavier et Clovis Cornillac (malgré sa grande taille). Depardieu rend toujours la « gaminerie » d’Obélix rigolote. Valérie Lemercier s’en sort comme à son habitude. Guillaume Gallienne se montre fort sympathique. Danny Boon se montre bluffant derrière son maquillage de Normand. Bref, le casting d’Au service de Sa Majesté reste sans nul doute le meilleur atout de ce film.
Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté confirme une chose : même en voulant rester fidèle à la bd sur certains points, le résultat ne prend pas. Affirmant le fait qu’adapter une bande dessinée par le biais d’un film live n’est pas la meilleure solution. Il faut plutôt se tourner vers le dessin animé (nous avons les réussis Astérix et Cléopâtre, Les Douze Travaux d’Astérix, Le Coup du Menhir, Astérix et les Indiens) ou encore l’animation (ah, le Tintin de Spielberg…). Fort heureusement, ce quatrième opus reste bien au-dessus du navet sans nom qu’était Astérix aux Jeux Olympiques. Mais n’est pas suffisant pour qu’un film Astérix impressionne les fans de la bd.