Bon, on va s’arrêter un instant pour mettre les choses au clair ? Y-a-t-il des gens ici qui sont capables de me regarder droit dans les yeux et me dire qu’Astérix et Obélix au Service de sa Majesté est un meilleur film qu’Astérix aux Jeux Olympiques. Je sais, qu’Aux Jeux Olympiques est un mauvais film, je le sais. Mais au moins, il avait Benoit Poelvoorde et assumait ses délires, nous offrant un spectacle, certes, de mauvais goût, mais un spectacle assez mouvementé pour ne pas ennuyer.
Au Service de sa Majesté n’arrive même pas ça. C’était le dernier Astérix en film live que je n’avais pas vu et j’avoue n’avoir jamais eu le désir de le regarder. Et je regrette maintenant de l’avoir vu.
Il y a un truc que je ne comprends pas, c’est comment Albert Uderzo et Anne Goscinny ont pu cracher sur le travail d’Alain Chabat et encourager des projets aussi minables que le film de Laurent Tirard ? Parce que même si Chabat faisait de l’humour des Nuls à la Canal +, force est de constater qu’il y avait un respect indéniable qui se dégageait de son Mission Cléopâtre, et qu’au final, on se retrouvait devant une production hybride qui contentait autant les fans de la BD que les fans des Nuls. Je vois même pas comment Astérix et Obélix au Service de sa Majesté peut contenter les adorateurs de la bande dessinée quand il reprend uniquement tous les poncifs humoristiques des comédies françaises lambda.
C’est pour ça que ce film me répugne autant et m’ennuie, c’est qu’il n’a même pas cette petite pâte Astérix qu’on retrouvait tout de même dans Contre César et Aux Jeux Olympiques. Y avait au moins, un peu d’Astérix dans ces films. Au Service de sa Majesté, c’est passé à la moulinette de la production française et ça ressemble à toutes les autres comédies françaises vues et revues.
Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai même pas l’impression que Laurent Tirard se sente concerné par l’univers qu’il retranscrit à l’écran. Pas de Panoramix, Idefix laissé au village, Abraracourcix vieux et décrépit sur sa chaise, les costumes d’Astérix et de Goudurix absolument bâclés et surtout, cette incompréhension totale des personnages.
Je peux comprendre qu’on ait envie de se pencher un peu sur les amourettes d’Astérix et Obélix, on a déjà eu un Obélix amoureux de Falbala alors pourquoi pas un Astérix en quête d’amour. Sauf que le souci, c’est que jamais on a l’impression d’avoir Astérix en face, on a l’impression d’avoir Edouard Baer en cosplay...qui joue Edouard Baer. Et j’adore Edouard Baer, j’adore son éloquence, son humour, mais là, force est de constater qu’il est complètement à côté de la plaque (ou qu’il n’est simplement pas taillé pour le rôle d’Astérix et ça peut se comprendre). Mais même en faisant son Baer, on a pas l’impression qu’il est concerné par ce qu’il joue ; c’est dire, il ne montre d’entrain que lorsqu’il s’agit de refaire son petit “c’est une bonne situation” face à un bourreau. Mais pour en revenir aux amourettes, quand on veut nous montrer Astérix qui drague, on nous montre Baer qui drague, et ça ne marche pas, ça ne colle pas et ça en devient gênant.
Mais ça encore, c’est un détail sur lequel je m’attarde, je serai odieux de démonter ce film pour la simple raison qu’Astérix drague des anglaises. Ce n’est qu’une blague parmi tant d’autre. Les autres blagues étant comme je le disais, des poncifs de comédies françaises portant ici, sur les clichés sur les anglais. Aaah, ça on les aime nos clichés. On adore voir nos acteurs français reproduire un accent british insupportable pendant deux heures, on adore les voir se comporter en parfait gentilhomme et faire un décalage sur le côté peu courtois des gaulois et des normands. C’est vrai qu’il y avait vraiment que ça comme blague à exploiter en faisant un film sur Astérix qui part en Grande Bretagne. J’applaudis le travail incroyable de Tirard au scénario qui a vraiment dû se creuser les méninges pour nous sortir les blagues les plus originales et poilantes possibles.
A ce moment-là, si l’humour n’est pas au rendez-vous, peut-être cela est compensé par l’esprit d’aventure qui joue quand même une part importante dans la bande dessinée. Même pas ! L’histoire, c’est qu’Astérix et Obélix doivent transporter un tonneau rempli de potion magique à la Reine d’Angleterre qui se trouve dans un village paumé sans aucune protection et assiégé par les romains. Et évidemment, avec un tel scénario, tout va se jouer sur ce fameux tonneau que les romains vont essayer de subtiliser. Mais n’en faites pas une péripétie d’une heure trente bon sang ! Ce tonneau, c’est un festival, il passe des mains des gaulois, des romains, des anglais, d’un voleur, d’un club de rugby, pour retourner dans les mains de gaulois pour finalement se faire pulvériser. Ce tonneau, c’est une heure trente de retournement de situations qui relancent l’intrigue pour qu’au final, tout soit détruit et que la bataille finale se résolve par le simple fait qu’Obélix est trop fort pour les romains. A ce moment-là, pourquoi vous nous faites chier avec un tonneau s’il suffisait qu’Obélix soit présent ? Tout ça pour ça ? Toutes ces péripéties, ces vikings qui ne servent à rien, ces poursuites dans Londres pour rien ?
Alors certes, il y a quelques éléments sympas dans ce scénario. Le fait qu’Astérix fasse passer du thé pour de la potion magique pour redonner de l’espoir aux anglais, le petit conflit entre Astérix et Obélix qui s’avère légèrement touchant sur la fin, le viking éduqué par Valérie Lemercier et dont le comportement trouble ses compères. C’est véritablement frustrant de voir de bonnes idées jamais assez exploitées au profit des éternelles blagues sur les clichés.
Donc voilà, ça, mesdames et messieurs, c’est un film bien plus mauvais qu’Astérix aux Jeux Olympiques, parce qu’on se fait chier. Parce qu’on passe deux heures à regarder sa montre et que le film n’est jamais généreux en humour, jamais généreux en baston, jamais beau, jamais inspiré, c’est une perte sèche de temps. Et même Fabrice Luchini en César ne pourra sauver ce film.