Wes Anderson strikes again. En tout cas pour moi, car visiblement l'avis que je vais développer ci-dessous sur Asteroid City est loin d'être partagé sur Senscritique. Cela me laisse profondément surpris, tant Asteroid City repousse encore les limites de ce que Wes Anderson peut offrir à la vue de nous autres spectateurs, tout en offrant une histoire d'une originalité, d'une pertinence et d'une beauté rares.
L'accueil assez mitigé d'Asteroid City au festival de Cannes n'aura pas suffit à diminuer mon infinie hâte de découvrir ce nouveau long-métrage de l'unique et inimitable Wes Anderson. J'entrais donc dans la salle l'eau à la bouche et le sourire aux lèvres, et j'en ressortis avec des étoiles pleins les yeux, bercé d'une douce mélancolie que seul Wes Anderson sait nous offrir. J'ai bu l'heure quarante-cinq d'Asteroid City sans modération, et j'en aurais sans aucun doute consommé trois de plus de la même façon. Avec une générosité sans égale, Wes Anderson rappelle avec Asteroid City son talent de cinéaste et de faiseur d'histoires que les mots ne suffisent pas à raconter.
J'ai l'impression en écrivant ces lignes de devoir défendre avec les plus solides arguments pourquoi j'ai passé une séance de cinéma exceptionnelle, tant j'ai le sentiment de faire partie de la minorité à avoir adoré Asteroid City. Une expérience cinématographique est par essence subjective, donc cette nécessité de me justifier est évidemment infondée, mais je le ferai quand même afin d'éventuellement convaincre les indécis qui me lisent et que je salue de se rendre en salles pour voir Asteroid City.
Ce qui m'a d'abord frappé avec Asteroid City, c'est tout simplement la beauté pure et simple qui s'en dégage. Depuis The Grand Budapest Hotel, jamais je n'avais autant apprécié les couleurs, les décors, et la photographie plus généralement, d'un film de Wes Anderson. Asteroid City diffuse une lumière absolument excquise, parfaite, qui ne quitte que très rarement l'image et contribue à offrir au spectateur une expérience visuelle d'exception. Contribue, oui, car cette lumière donne sur des décors si finement choisis et mis en scène que j'ai pris un plaisir incontenable à les voir défiler devant mes yeux. L'homogénéité de la photographie s'allie ainsi avec une subtile association d'éléments de décors, achevant de faire d'Asteroid City une gourmandise cinématographique absolument hallucinante. Encore faut-il prendre le temps de profiter de ces décors, de savourer tous leurs détails et la façon si unique qu'a Wes Anderson de les incorporer à l'image.
En effet, c'est là qu'on doit réaliser le travail absolument abyssal de ce génie du cinéma qu'est Wes Anderson. J'en profite pour exprimer mon dédain le plus sincère vis-à-vis des pâles imitations du réalisateur qu'on trouve sur les réseaux, faites via l'IA ou non, on est toujours bien loin du compte. Wes Anderson, ce n'est pas juste de la symétrie, des gens qui font la gueule et des couleurs pastelles. Et c'est justement en voyant Asteroid City qu'on s'en rend compte, et qu'on réalise à quel point il reste et restera à jamais inimitable. Il est capable, avec cette façon de filmer en apparence si basique et en même temps si spéciale, de montrer tant de choses d'un coup, avec une précision, une subtilité et une délicatesse inouïes. Je me suis surpris plusieurs fois à fouiller l'écran à la recherche de tous ces petits éléments dissimulés au fond de l'image, qui viennent enrichir le charme du long-métrage. J'ai été sidéré par chaque plan, par cette esthétique, qui comme nulle autre prend du chaos et en ressort la plus parfaite harmonie. Wes Anderson nous rappelle, avec Asteroid City, que le cinéma s'appelle aussi le septième art.
On a donc bien affaire à une prouesse visuelle indiscutable, là n'est plus la question. Mais qu'en est-il de l'histoire ? De ce que le film nous raconte ? Là encore, Wes Anderson et Asteroid City m'ont conquis, même si c'est sur ce point que je peux le plus facilement entendre d'avis différents.
Asteroid City dénote clairement des films qui ont fait le succès du réalisateur, des films d'épopée, dans lesquels l'histoire se concentrait sur un ou deux personnages spécifiques autour desquels gravitent les autres (Fantastic Mr.Fox, Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel, L'île aux chiens). Ici, on revient un peu plus à ce qu'annonçait déjà The French Dispatch : énormément de personnages et d'intrigues, au point où le spectateur ne sait plus où donner de la tête. La relative lenteur du déroulement de l'histoire qui réunit l'ensemble des personnages contraste ainsi avec la multiplicité des mini-histoires que ceux-ci traversent. Mais suis-je donc le seul à trouver l'idée géniale ? Certes elle était risquée, mais le pari m'est apparu complétement relevé par le réalisateur. J'ai été captivé de bout en bout, fasciné par la poésie de l'histoire et la profondeur des personnages. Si Asteroid City aborde énormément de thèmes sans vraiment en creuser le moindre, il n'en reste pas moins pertinent dans sa façon de les aborder, et ne se contente jamais d'une évoquation de surface. Asteroid City est un film qui stimule intellectuellement le spectateur averti, qui favorise l'introspection, le questionnement, la réflexion, en plus de simplement booster son taux de dopamine. Asteroid City est si généreux dans sa proposition, si noble dans ses intentions, et si parfait dans son exécution. Voilà du cinéma qu'on mérite. Saluons-le. Savourons-le.
Il me semble avoir dit ce que j'avais à dire, relativement à un film qui restera à mes yeux un nouveau chef d'oeuvre de Wes Anderson. J'espère qu'Asteroid City rencontrera un succès commercial suffisant pour qu'on puisse revoir encore plusieurs fois du Wes Anderson au cinéma. Il nous donne tant, rendons-le lui.
Merci pour votre lecture, beaucoup d'amour sur vous qui lisez ces lignes. Je tiens un compte insta sur le cinéma, le voici https://www.instagram.com/clmovies_/?hl=fr , j'espère que vous y jetterez un oeil.